Les débats sont souvent d’une grande complexité au procès Péchier, il faut s’accrocher pour ne pas s’égarer dans les données scientifiques, le jargon médical et les méandres d’un dossier technique à souhait. Parfois, on ne comprend rien, et on plaint les jurés embarqués dans ce sac de nœuds jusqu’en décembre.
Pas besoin d’avoir fait médecine, en revanche, pour comprendre que l’audience a connu un moment de bascule, mercredi 24 septembre, lors du deuxième interrogatoire de l’accusé. Frédéric Péchier était invité à s’expliquer sur le cas du patient Jean-Claude Gandon, le dernier de la série de 30 empoisonnements qui lui sont reprochés. Son grand oral devant la cour d’assises du Doubs a duré six heures. Il a déraillé au bout de trente minutes.
Le 20 janvier 2017, Jean-Claude Gandon, 70 ans, devait se faire opérer de la prostate à la clinique Saint-Vincent à Besançon et Frédéric Péchier était chargé de l’endormir. L’intervention chirurgicale a débuté à 8 h 15, l’accident cardiaque est survenu à 9 heures. C’était la première fois qu’un patient endormi par le Dr Péchier était victime d’un événement indésirable grave (EIG) inexpliqué. « Ça y est, j’en ai pris un », expliquera-t-il à qui voudra l’entendre. Il avait jusqu’alors échappé à la série d’EIG suspects frappant ses collègues depuis des mois.
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