Aux clients qui poussaient la porte de la société Apollonia au début des années 2000, Jean Badache était « présenté comme un dieu qui n’avait que quelques minutes à leur consacrer ». Dans la bouche des commerciaux de cette société qui a donné son nom à l’une des plus importantes escroqueries aux investissements immobiliers, il était « le spécialiste ».
Un jour et demi durant, lundi 5 et mardi matin 6 mai, le grand oral de Jean Badache devant le tribunal correctionnel de Marseille a donné la mesure du « vendeur » qu’il a été – « Vendre, je ne sais faire que ça » – et dont la devise, selon un de ses commerciaux, était : « Tous les matins, un pigeon se lève et il faut aller le chercher. »
« Je suis trop bavard, je suis un commercial », s’excuse le septuagénaire alerte, qui est, aux yeux de l’accusation, le concepteur, le deus ex machina de cette gigantesque fraude – un préjudice avoisinant 1 milliard d’euros, plus de 700 parties civiles, dont plusieurs dizaines sont venues écouter les explications du « dieu » tombé de son piédestal. Elles sont toujours les mêmes. Jean Badache reste arc-bouté sur une ligne de défense qu’il maintient depuis dix-sept ans : tout nier. Et faire porter aux autres la responsabilité du naufrage de sa belle idée, une « opération qui était viable », soutient-il mordicus.
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