Dans la longue litanie des attentats meurtriers qui ont endeuillé le pays au cours des dix dernières années, la marque de ceux qui n’ont pas fait de morts s’est peu à peu estompée dans la mémoire collective. L’attentat à la bombe qui avait fait quinze blessés, le 24 mai 2019, en face d’une boulangerie lyonnaise, dont le procès s’ouvre, lundi 31 mars, devant la cour d’assises spéciale de Paris, est venu rappeler que la différence entre la vie et la mort, entre le deuil et les cicatrices éternelles, tient parfois à un détail, en l’occurrence un tube de chips.
En cette avant-veille d’élections européennes, alors que la liste du Rassemblement national (RN) emmenée par Jordan Bardella était donnée en tête dans les plus récents sondages, une explosion avait retenti, à 17 h 28, devant une boulangerie de la rue Victor-Hugo, une rue piétonne du 2e arrondissement de Lyon. Sur les quinze blessés, onze, dont une fillette de 10 ans, avaient été transportés à l’hôpital pour des blessures légères aux membres inférieurs.
La bombe, emballée dans un sac en papier kraft, était composée d’une charge de TATP (un explosif artisanal) confinée dans un tube de chips et de plus de 270 projectiles métalliques. Elle était accompagnée d’un dispositif de mise à feu à distance constitué d’un circuit imprimé et de piles. Le mode opératoire et la faiblesse de l’explosion laissent d’abord les enquêteurs perplexes : toutes les pistes sont envisagées, du terrorisme islamiste à l’ultradroite, en passant par l’ultragauche.
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