Mehdi Nemmouche n’avait rien dit, ou presque, depuis son arrestation, le 30 mai 2014. Après dix ans de mutisme, il a parlé, beaucoup parlé, jeudi 27 février, à l’occasion de son interrogatoire au procès des geôliers de l’Etat islamique (EI). Et on a tout de suite pensé à ce commentaire de l’ex-otage Edouard Elias lorsqu’il avait formellement reconnu, au troisième jour d’audience, la voix de son ancien gardien : « Cette voix qui parlait trop, tout le temps, qui m’a emmerdé pendant des heures et des heures. Cette diction, ce cynisme, ces tournures de phrases… »
Mehdi Nemmouche a une éloquence certaine, un phrasé à nul autre pareil, un esprit vif et un débit mitraillette, un vocabulaire et une culture rares au sein de la sphère djihadiste. Il parle, tout le temps, reconnaît volontiers avoir rejoint un « groupe terroriste » en Syrie, ce qu’il n’avait jamais fait en dix ans, cite Victor Hugo ou Jean Gabin. Mais dès qu’on s’approche des faits, il nie en bloc ou élude.
Le djihadiste est venu à ce procès pour soigner sa légende, celle d’un combattant de la liberté, un défenseur des peuples opprimés. Son discours confusionniste convoque tous les crimes du passé pour justifier son engagement. « J’ai rejoint un groupe terroriste en Syrie et je ne le regrette absolument pas, commence-t-il. Les Etats-Unis ont commis des crimes effroyables, en quantité industrielle, à côté desquels l’Etat islamique sont des petits joueurs. C’est un fait historique. »
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