[Avertissement de lecture : cet article comprend des descriptions susceptibles de choquer]
Pour comparaître à son procès, Joël Le Scouarnec avait récupéré le sac où étaient empaquetées les restes de sa vie d’avant, du temps où il était chirurgien : quelques chemises, des pulls, un manteau, tout ce qu’il avait de plus présentable, pensait-il. C’était la première fois qu’il ouvrait de nouveau ce sac depuis son incarcération, en mai 2017. L’odeur lui avait sauté au visage, innommable, si puissante qu’elle en paraissait vivante. A l’époque, elle faisait tellement partie de lui qu’elle suffisait à signaler sa présence pour ses collègues de l’hôpital de Jonzac, en Charente-Maritime. Lui s’en délectait.
En presque trois mois de procès, durant lequel Joël Le Souarnec, 74 ans, comparait à Vannes pour viols et agressions sexuelles contre 299 patients essentiellement mineurs, la cour criminelle du Morbihan a fini par s’aventurer pas à pas sur cette période à Jonzac, les dix dernières années du chirurgien en liberté. « Votre descente aux enfers », a lancé à l’audience son avocat, Maxime Teissier, avant d’ajouter aussitôt, tourné vers le box : « Même si je sais que vous n’aimez pas m’entendre dire ça. »
Il vous reste 88.8% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.