Quand Marine Le Pen lui a confié les rênes du Rassemblement national (RN) en 2021, Jordan Bardella s’est vite senti « comme à la barre du Titanic », dans un parti déserté par les cadres et les militants attirés par Eric Zemmour. Trois ans ont passé et Jordan Bardella est, peut-être, à quelques heures de devoir prendre la barre d’une campagne présidentielle, si d’aventure Marine Le Pen était frappée, lundi 31 mars, d’une peine d’inéligibilité avec exécution provisoire dans l’affaire des assistants parlementaires européens du Front national (FN, devenu RN depuis 2018). Le pourrait-il ?
Sous sa gouverne et entraîné par sa popularité, le RN a battu des records de voix, en 2024, lors des scrutins européen (31,37 %) et législatif (33,35 % au premier tour avec ses alliés) et est sorti de la zone rouge, financièrement parlant (4,3 millions d’euros d’excédent en 2023). Mais, derrière la vitrine clinquante, l’eurodéputé a jusqu’alors échoué à transformer sa formation en « parti de gouvernement ».
En assumant la direction de l’organisation cofondée par Jean-Marie Le Pen en 1972, Jordan Bardella devait non seulement accompagner la course vers l’Elysée de Marine Le Pen, mais aussi légitimer et solidifier son statut d’alternative en cas d’empêchement ou de renoncement de celle-ci. Deux objectifs mis à mal par l’oisiveté qui préside toujours, sous son mandat, aux destinées du parti.
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