
Après des années à militer dans l’ombre, Patrick Yvars s’imaginait obtenir une promotion bien méritée au sein du Rassemblement national (RN). « Quand je pense que j’ai collé des affiches à 4 heures du matin, sous une neige fondante… et ils me jettent comme un malpropre ? », rumine l’ancien commissaire de police. Propulsé conseiller régional d’Ile-de-France début mai, après la démission d’office prononcée par le préfet de région contre Wallerand de Saint-Just – ex-trésorier du parti à la flamme, condamné à l’inéligibilité à deux reprises –, le retraité apprend un mois plus tard qu’il ne siégera finalement pas dans le groupe de son parti. Une relégation parmi les « non-inscrits » notifiée par un coup de fil de François Paradol, conseiller régional et directeur de cabinet du président du RN, Jordan Bardella. « Nous avons pris cette décision en raison de comportements et de positions publiques incompatibles avec une appartenance à un groupe régional du RN », justifie auprès du Monde le trentenaire.
Le nouvel élu paie-t-il sa négation du massacre du 17 octobre 1961 à Paris (des propos en phase, pourtant, avec la ligne révisionniste du parti sur cet événement) ? Il y a soixante trois ans, la répression sanglante par la police d’un rassemblement appelé par la Fédération de Paris du FLN avait fait plusieurs dizaines de morts dans les rangs des manifestants algériens. Début juin, Libération a exhumé sur X un message publié par Patrick Yvars le 17 octobre 2024 dans lequel il dénonce un « énorme mensonge » et dresse son propre bilan du drame : « trois morts (dont un Européen) aux abords du parcours, pas imputables à la police ». Sans précision sur les « comportements » et « positions » qui lui sont reprochés, le fonctionnaire à la retraite a donc rejoint, dépité, la cohorte de conseillers régionaux qui, depuis leur élection en juin 2021, ont quitté les groupes RN dans les hémicycles locaux, par choix ou sanction.
Il vous reste 75.59% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.