Pour sa première conférence de rentrée, mardi 27 août, le premier ministre britannique Keir Starmer s’est exprimé depuis le « rose garden », un havre de verdure ordinairement réservé au locataire, à la famille et aux équipes du 10 Downing Street, à l’abri des regards et situé à l’arrière de la fameuse adresse britannique. Un choix calculé pour le dirigeant travailliste qui voulait « rendre au service » du public ce lieu qui fut au cœur du « partygate » et hébergea les plus notables des fêtes tenues par Boris Johnson et ses proches durant le confinement. « La roseraie était devenue le symbole de ce qu’il y avait de pourri au sein du gouvernement [Johnson] », a affirmé M. Starmer qui, depuis qu’il a porté le Labour au pouvoir en juillet, a promis d’en finir avec la politique « performative » des conservateurs, aux manettes pendant quatorze ans.
Mais au-delà des symboles et des attaques répétées contre les tories, accusés d’avoir laissé les finances du Royaume-Uni dans un état lamentable (avec des dépenses « inattendues » et non financées de 22 milliards de livres sterling (26 milliards d’euros) dans le budget de l’Etat pour 2024), M. Starmer n’a pas donné grand motif d’espoir aux Britanniques. Après un été bousculé par les émeutes racistes, il a annoncé des « décisions difficiles » et un projet de budget « douloureux » pour l’automne, préparant les esprits à des coupes budgétaires et à des augmentations d’impôts nécessaires selon lui pour « reconstruire les fondations du pays ».
Sa chancelière de l’échiquier, Rachel Reeves, a donné un avant-goût des efforts à venir, en annonçant courant août la fin programmée pour les retraités de la Fuel Allowance, une allocation versée aux petits revenus pour payer leur facture d’énergie. Ce choix a suscité une salve de critiques chez les conservateurs mais il a aussi fait grincer des dents des députés travaillistes. Alan Johnson, l’ex-ministre de l’intérieur de Gordon Brown a invité Rachel Reeves sur la BBC à « limiter les changements » concernant l’allocation énergie.
M. Starmer et la chancelière de l’échiquier, qui ont promis de préserver « l’argent des contribuables et le niveau de vie des citoyens » se sont en grande partie lié les mains en s’engageant dans le manifesto du Labour à réduire l’endettement public du pays sans pour autant augmenter l’impôt sur le revenu, la TVA ou la National Insurance (un impôt additionnel sur les revenus), qui sont pourtant les trois principaux leviers fiscaux à la disposition du Trésor britannique. Pour financer les investissements considérables dont ont besoin les services publics du pays (notamment celui de la santé), le Labour a promis l’introduction de la TVA sur les frais de scolarité dans les écoles privées et la fin de la niche fiscale dite « non dom », permettant à des personnes résidant dans le pays mais ayant un domicile à l’étranger, de n’être imposées que sur leurs revenus gagnés au Royaume-Uni.
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