Face à un déficit public hors de contrôle, François Bayrou a extrait de sa boîte à outils un nouvel instrument : le « turbo-rabot », selon la formule critique du sénateur de l’Oise (apparenté Les Républicains) Olivier Paccaud. Un rabot destiné à réduire tous les crédits dès que c’est possible, comme souvent, mais manié ici avec une rapidité et une force rares. Au risque de provoquer quelques accidents, au sein même du « socle commun » censé soutenir l’exécutif.
Tout a débuté mercredi 15 janvier, à 23 h 30, quand le gouvernement a transmis au Sénat un amendement surprise destiné à être débattu dès le lendemain matin, sans laisser le temps à la commission des finances de l’étudier au préalable. Or, cet amendement pesait lourd : il prévoyait de réduire de 535 millions d’euros les dépenses prévues en 2025 dans le cadre de la mission France 2030 pour relancer la compétitivité de l’industrie. Immédiatement, le rapporteur général du budget, Jean-François Husson (ex-Les Républicains), s’est ému de cette méthode cavalière.
« C’est l’effet d’une séquence tout à fait inhabituelle dans notre vie politique », a répondu Eric Lombard, le ministre de l’économie, en guise d’excuse. François Bayrou n’a en effet rendu ses arbitrages que très tard. Certains juste avant la reprise du débat sur le projet de loi de finances au Sénat. Puis d’autres en fonction des discussions avec les socialistes sur la façon d’obtenir leur abstention bienveillante lors du vote du budget. Résultat : les correctifs que souhaite apporter le gouvernement au projet laissé par Michel Barnier n’ont commencé à arriver qu’au fil des jours, parfois quelques minutes seulement avant d’être débattus en séance.
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