Les dirigeants des plus grandes économies mondiales n’ont pas engrangé d’avancée majeure pour débloquer les négociations sur le climat, lundi 18 novembre, lors d’un sommet du G20 à Rio de Janeiro qui a été percuté par les guerres en Ukraine et au Proche-Orient.
Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, dirige le forum cette année, alors que le multilatéralisme, déjà mal en point, menace de s’abîmer davantage avec le retour prochain de Donald Trump à la Maison Blanche.
Lula peut se targuer d’avoir pu lancer une « alliance globale contre la faim et la pauvreté », coalition de 82 pays. Il a également réussi à obtenir un engagement commun à coopérer pour imposer « effectivement » les plus fortunés.
Mais les 20 pays les plus avancés étaient surtout attendus sur le climat, alors que la COP29 de Bakou n’a pas permis, en plus d’une semaine, de dessiner un accord entre pays riches et pays émergents sur qui doit financer l’adaptation au changement climatique. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, les avait exhortés dimanche à assumer leur « leadership » et à faire « des compromis » pour débloquer les négociations.
Pas de référence à ce qui avait été obtenu à la COP28
Le résultat est loin d’être à la hauteur des attentes. Les leaders du G20 n’ont pas repris dans leur déclaration finale l’engagement à « opérer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques », qui avait été arraché lors de la dernière COP à Dubaï.
Et s’ils reconnaissent « le besoin d’augmenter la finance climatique » et de la porter à « des milliers de milliards de dollars, provenant de toutes les sources », ils ne précisent pas qui mettra la main à la poche. Or c’est sur cet aspect notamment que les négociations patinent à la conférence sur le climat qui se tient en Azerbaïdjan.
« Les dirigeants renvoient la balle à Bakou, mais le problème c’est que les personnes qui prennent les décisions sont en fait à Rio », a réagi auprès de l’Agence France-Presse Mick Sheldrick, cofondateur de l’ONG Global Citizen. « Ils ne se sont pas montrés à la hauteur de l’enjeu », a-t-il ajouté, regrettant qu’il n’y ait pas « même une référence à ce qui a été obtenu à la COP28 » l’an dernier à Dubaï.
Les membres du G20 (19 pays, ainsi que l’Union européenne et l’Union africaine) représentent 85 % du PIB mondial et 80 % des émissions de gaz à effet de serre.
Missiles longue portée
Au-delà des tensions liées aux enjeux climatiques, les grands conflits de l’heure ont bousculé le sommet. Dès la première séance plénière, le président américain, Joe Biden, a appelé les pays du G20 à soutenir la « souveraineté » de l’Ukraine contre l’invasion russe. Son homologue russe, Vladimir Poutine, qui avait déjà manqué les derniers sommets, est le grand absent à Rio, où il est représenté par son ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
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L’appel de Joe Biden prend une résonance particulière à un moment stratégique : les Etats-Unis ont donné dimanche l’autorisation à Kiev d’utiliser leurs missiles de longue portée pour frapper en profondeur le territoire russe.
Le président français, Emmanuel Macron, a jugé lundi « tout à fait bonne » la décision de Washington. Mais il a estimé que la déclaration conjointe publiée lundi soir « aurait gagné à être plus explicite ».
Sans condamner Moscou, le G20 a réprouvé « la menace ou l’usage de la force pour chercher des gains territoriaux ». Et il a salué « toutes les initiatives pertinentes et constructives en faveur d’une paix juste » et « durable » en Ukraine.
Le G20 a aussi appelé à un « cessez-le-feu » dans la bande de Gaza et au Liban, alors que l’armée israélienne y poursuit ses offensives.
Xi Jinping fait figure d’homme fort du sommet
Le président américain participe à l’une de ses dernières grandes réunions internationales avant de rendre les clés de la Maison Blanche à Donald Trump, isolationniste assumé. Le président chinois, Xi Jinping, qui a fait figure d’homme fort du G20, a averti que « le monde entre actuellement dans une nouvelle période de turbulences et de changement », lors d’un entretien avec le premier ministre britannique, Keir Starmer.
Le président argentin, Javier Milei, allié de Donald Trump, s’est démarqué durant le sommet. Le libertarien d’extrême droite, qui entretient des relations exécrables avec Lula, a rejeté « plusieurs points » de l’accord pour lutter contre la pauvreté, notamment « une plus grande intervention de l’Etat ». Après avoir snobé l’Alliance contre la faim, son pays s’est toutefois ravisé. « L’Argentine a seulement émis quelques réserves », a minimisé une source diplomatique brésilienne.