Un groupe de militants soudanais a fait état dimanche 6 avril d’une « détérioration catastrophique sans précédent » dans la ville d’El-Fasher, capitale de l’Etat soudanais du Darfour du Nord, assiégée depuis plusieurs mois par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) en guerre contre l’armée depuis deux ans.
« La situation humanitaire dans la région du Darfour, en particulier dans la ville d’El-Fasher ainsi que les camps de déplacés, connaît une détérioration catastrophique sans précédent », a écrit dans un communiqué le comité des camps de déplacés opérant dans la région du Darfour, dans l’ouest du Soudan.
Depuis avril 2023, le pays est le théâtre d’une guerre pour le pouvoir qui oppose les FSR, dirigées par le général Mohammed Hamdan Daglo dit « Hemetti », à l’armée menée par le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane. Le conflit, qui a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné plus de 12 millions d’habitants, a également déchiré le pays.
L’armée contrôle le nord et l’est du Soudan, tandis que les FSR dominent une partie du sud et la quasi-totalité de la région du Darfour, aussi vaste que la France. El-Fasher, bien que contrôlée par l’armée, est assiégée par les FSR depuis mai 2024. Pour conserver son dernier point d’appui dans la région du Darfour, l’armée s’efforce de repousser les attaques des paramilitaires et leurs alliés qui tentent en vain de s’en emparer.
« Sauver des milliers de vies menacées »
Selon le groupe de militants indépendants, « les marchés sont vidés de produits alimentaires et l’aide humanitaire est totalement interrompue » à El-Fasher. Dans cette ville de quelque 2 millions d’habitants, « la vie a complètement cessé », a indiqué le comité local, ajoutant que le coût de la nourriture et de l’eau avait fortement augmenté.
Les militants ont appelé les parties en guerre à « déclarer un cessez-le-feu » afin de permettre l’arrivée de l’aide et « de sauver des milliers de vies menacées ». Selon l’ONU, environ 2 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire extrême au Darfour du Nord et 320 000 souffrent déjà de famine.
La famine a été déclarée dans trois camps de déplacés autour d’El-Fasher, dont le camp de Zamzam, une situation qui devrait s’étendre à cinq autres zones du Darfour du Nord, y compris El-Fasher, d’ici mai, selon l’ONU.
Samedi, l’Armée de libération du Soudan (ALS), une faction alliée aux FSR, a appelé les habitants d’El-Fasher et les déplacés des camps d’Abou Chouk et de Zamzam à partir vers « des zones plus sûres », affirmant être « prête à assurer la protection nécessaire » des déplacements.