Yassine Fares s’est mêlé à la foule, massée, mardi 18 février au matin, devant le char de l’armée libanaise qui barre la route de Kfar Kila, au Sud-Liban. Des dizaines de voitures attendent en file indienne, moteurs éteints, l’heure fatidique. A 10 heures, l’armée israélienne doit se retirer de la ville et l’armée libanaise s’y redéployer. L’ouvrier de 52 ans a laissé son épouse et ses trois enfants à Nabatiyé. Il revient seul à Kfar Kila voir sa maison, pour la première fois depuis qu’ils ont fui la guerre le 23 septembre 2024.
« On sait que la plupart du village est détruit. Cette guerre est le résultat d’un plan de longue date des Israéliens pour nous déloger. Ils n’y parviendront pas », dit l’homme, ses yeux noirs pétillant dans un mélange de joie et de hantise. Autour de lui, des habitants portent les photos des « martyrs » et des bannières du parti chiite Hezbollah. « C’est grâce au sang des martyrs que l’on rentre chez nous. On est avec le Hezbollah », clame Zeinab Awaba, une mère au foyer de 38 ans, qui a quitté Kfar Kila, en octobre 2023, pour mettre ses trois enfants à l’abri.
La même scène se répète dans une dizaine de villes et de villages frontaliers, encore occupés par l’armée israélienne près de trois mois après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, le 27 novembre 2024. Le retrait israélien ne sera néanmoins pas complet. Le gouvernement israélien a décidé de maintenir des troupes sur cinq points culminants en territoire libanais, jugés « stratégiques ». L’un d’eux, situé entre Kfar Kila et Odeïssé, surplombe la plaine fertile du « doigt de la Galilée », côté israélien.
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