Il sera beaucoup pardonné à Peer Gynt, l’un des personnages les plus attachants de la littérature théâtrale, dont l’auteur norvégien Henrik Ibsen (1828-1906) a fait le héros éponyme de sa pièce. Il sera aussi beaucoup pardonné à Olivier Py, qui en traduit, adapte et met en scène une version rêvée en 1874 par Ibsen pour le compositeur Edvard Grieg (1843-1907). Beaucoup pardonné, enfin, à l’acteur Bertrand de Roffignac qui incarne Peer, de l’enfance à la vieillesse, sans quitter (ou presque) le plateau pendant les trois heures quarante que dure la représentation.
Le héros, l’interprète et le metteur en scène sont la colonne vertébrale d’un spectacle où les fulgurances alternent avec les lourdeurs, au sein d’un Théâtre du Châtelet, à Paris, pris d’assaut dans sa verticalité, faute de pouvoir être colonisé dans ses profondeurs. Au fond de la scène, la cinquantaine de musiciens de l’Orchestre de chambre de Paris ont pris place, sous la direction de l’Estonienne Anu Tali, dont la blonde queue-de-cheval est l’unique rayon de soleil qui brave l’obscurité ambiante.
Car tout est noir sur le plateau, les costumes (sauf ceux des Trolls, verts), les façades des maisons, où vivent la mère et l’amoureuse (prénommée Solveig) de Peer, les visions de ses pérégrinations dans le monde, projetées en grand, à l’arrière-plan, sur le mode allusif et enfantin d’une lanterne magique.
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