Le résultat du scrutin présidentiel vénézuélien est tombé, quelques minutes après minuit, lundi 29 juillet. Immédiatement, dans les rues de Caracas, le cri de « fraude ! » a résonné ici et là. Nicolas Maduro, 61 ans, est réélu président de la République bolivarienne du Venezuela avec 51,2 % des voix, selon le Conseil national électoral (CNE), contrôlé par le chavisme (le régime fondé par Hugo Chavez à partir de 1999). Son adversaire, Edmundo Gonzalez, candidat unitaire des grands partis d’opposition, obtient, lui, 44,2 %. Les huit autres candidats se répartissent le reste. Selon ces résultats officiels, moins de 10 millions des 21 millions d’électeurs inscrits ont voté. Entre 4 et 5 millions d’adultes qui ont émigré n’ont pu participer au scrutin. La déception de l’opposition est immense, sa conviction que le pouvoir a volé l’élection, totale.
Le résultat contredit tous les sondages réalisés par l’opposition dans les semaines précédant le scrutin et dimanche à la sortie des urnes. Ils contredisent aussi le sentiment de nombreux Vénézuéliens convaincus d’être aujourd’hui majoritaires, qu’ils aient toujours détesté le socialisme ou qu’ils aient, pour la première fois en vingt-cinq ans, décidé de « voter pour le changement ».
Tard dans la nuit, Edmundo Gonzalez a exhorté ses partisans à éviter manifestations et violences, en attendant des consignes plus précises. Maria Corina Machado, la dirigeante de l’opposition qui, déclarée inéligible, n’a pu être candidate, assure que M. Gonzalez a été élu avec 70 % des voix, et en a appelé aux forces armées, qui « ont le devoir de veiller à ce que la souveraineté populaire exprimée dans le vote soit respectée ».
Les télévisions publiques, elles, continuaient de retransmettre les images du concert organisé sur l’estrade montée pour l’occasion devant le palais présidentiel. Dès la proclamation des résultats, le président Maduro est apparu devant les centaines de partisans réunis pour célébrer la nouvelle victoire de la révolution bolivarienne.
Les « sérieux doutes » de Blinken
Le président du CNE, Elvis Amoroso, a signifié que les résultats, donnés sur la base de 80 % des bulletins dépouillés, sont « irréversibles ». Il a dénoncé une attaque brutale contre le système informatisé de vote pour expliquer le retard des résultats. Sur l’estrade, Nicolas Maduro accuse « l’opposition d’extrême droite » d’être à l’origine du problème « pour pouvoir une fois encore crier à la fraude ». L’opposition vénézuélienne couvre large, de la droite ultralibérale à la gauche radicale, en passant par les déçus du chavisme, que l’inefficacité du gouvernement et les affaires de corruption exaspèrent désormais.
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