Avec ses présentateurs en plateau et ses micros à bonnette bleu et jaune reconnaissables de loin, les vidéos de la webtélé d’extrême droite autrichienne AUF1 ont tout des codes d’une chaîne de télévision professionnelle. Fondée en 2021 pendant l’épidémie de Covid-19 par un ancien militant néonazi, Stefan Magnet, AUF1 n’est diffusée que sur Internet et l’application Telegram, mais elle a réussi à devenir en quatre ans le média complotiste et d’extrême droite le plus influent de tout l’espace germanophone.
Son canal sur Telegram, qui compte 300 000 abonnés, est le troisième le plus populaire de tous les canaux en langue allemande du réseau social. Basée à Linz, dans le centre de l’Autriche, la chaîne est aussi très regardée depuis l’Allemagne. Diffusant, dans ses reportages, des messages antivax, prorusses et les thèses identitaires les plus radicales, la webtélé a fait campagne pour Alice Weidel, la cheffe du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), et Herbert Kickl, le chef du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ).
Les deux candidats ont obtenu des scores historiques aux élections législatives organisées en septembre 2024 en Autriche et en février en Allemagne. « Il y a une sorte de symbiose entre la chaîne et le FPÖ dont les responsables sont souvent interviewés de façon complaisante et propagent ensuite ses contenus vidéo », constate Ingrid Brodnig, une journaliste et essayiste autrichienne spécialiste de la désinformation en ligne, pour qui le succès de ce média en ligne « est dû avant tout à la pandémie de Covid-19 ».
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