A l’approche du 1er septembre, premier jour de la période d’abattage des arbres sur le tracé de l’A69, autoroute de 53 kilomètres qui doit relier Toulouse et Castres, des opposants entendent continuer d’occuper le terrain. Un rassemblement, interdit par la préfecture du Tarn, s’est déroulé dans le calme mercredi 28 août sur le site de la Cal’Arbre, du nom de la zone à défendre (ZAD), située à Saïx (Tarn). « On veut ramener du monde car l’occupation est le meilleur moyen pour agir », explique Léo (qui requiert l’anonymat), une étudiante toulousaine en histoire, dont les paroles sont recouvertes par le bruit d’un hélicoptère de la gendarmerie qui survole le site. « Car on constate que notre présence est utile : elle permet de retarder le chantier », se félicite l’étudiante qui tient le siège depuis juin.
Le terrain où se trouvent les opposants depuis février au lieu-dit La Calarié est une prairie de chênes multicentenaires répertoriés qui hébergent des longicornes et des trèfles écailleux protégés. Mais, propriété du concessionnaire de l’A69, elle est placée sur le tracé de l’autoroute. Conséquence : elle est vouée à disparaître. « Nous avons deux mois et demi, jusqu’à la mi-novembre, pour procéder à la coupe des arbres », confirme au Monde Martial Gerlinger, le directeur général d’Atosca.
Tapis de sol bleu clair coincé sous le rabat de son sac à dos, Grimm (un nom d’emprunt), a covoituré et marché sept heures pour rejoindre mercredi les personnes assises sur l’herbe jaunie par le soleil. L’étudiant en sciences humaines, originaire du Sud-Ouest, entend rester jusqu’au 1er octobre, date de reprise des cours à l’université. « J’ai été interpellé par les violences à Sainte-Soline et je me suis dit que ce n’était pas possible, se souvient ce militant. J’ai décidé de m’engager dans la lutte contre l’A69 pour être force de proposition. »
Trois agresseurs
L’ambiance de ce rassemblement contraste avec le regain de tension observé ces derniers jours. Le 13 août, des militants ont dénoncé avoir été la cible d’une « tentative de meurtre » et d’un « incendie irresponsable » commis par trois agresseurs au Bacamp, un champ sur lequel les militants se sont installés. « Il était 3 h 10 à la lisière du bois, sous la cime d’un arbre. Plusieurs amis étaient en train de se coucher dans leur tente et leur véhicule quand trois silhouettes sont apparues au loin », ont témoigné les opposants dans un texte diffusé sur l’application Telegram. L’un des trois agresseurs aurait placé « sa main avec un objet, vraisemblablement un couteau, sous la gorge de notre ami pour l’empêcher de bouger ». Pendant ce temps, un deuxième aurait aspergé d’essence des tentes et des véhicules. Un autre zadiste, venu « pour essayer de calmer la tension », se serait « fait asperger d’essence ». Une enquête judiciaire est en cours pour des faits de dégradation par incendie.
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