C’est le premier signe de la coopération naissante entre les Etats-Unis et les Comores suite à la signature d’un accord sur la sécurité maritime, le 5 juillet. En attendant que cinq drones de surveillance soient livrés par Washington, d’ici à fin septembre, des instructeurs américains forment les militaires comoriens à piloter ces aéronefs. Ils seront destinés « à améliorer les capacités de recherche et de sauvetage, à protéger leurs frontières contre la criminalité et les trafics et à lutter contre la pêche illégale dans les eaux souveraines comoriennes », peut-on lire dans un communiqué du gouvernement américain.
Le partenariat signé entre les Etats-Unis et les Comores doit « renforcer la sécurité maritime et protéger nos intérêts communs dans la région », explique Youssoufa Mohamed Ali, le directeur de cabinet du président comorien chargé de la défense. Il est assorti d’une clause de partage de renseignements. Si Washington va dépenser 3,8 millions de dollars (3,4 millions d’euros) dans le cadre de cet accord, il acte surtout le retour opéré par les Etats-Unis au cœur de l’océan Indien, dans cette zone stratégique qu’est le canal du Mozambique, à la fois route commerciale importante, riche en hydrocarbures et fréquentée par des narcotrafiquants.
Les Etats-Unis s’impliquent de nouveau sur l’archipel depuis l’an dernier. En 2023, une entreprise américaine avait déjà promis d’investir environ 34 millions d’euros pour moderniser la Société comorienne de pêche. D’autres compagnies venues des Etats-Unis s’étaient quant à elles positionnées sur des contrats d’exploration de gisements de pétrole et de gaz au large de l’île de la Grande Comore lors de premières études géologiques menées en 2018.
Regain d’intérêt
Richard Verma, le secrétaire d’Etat américain à la gestion et aux ressources, y a effectué une visite en mai 2023 – la première d’un responsable américain d’un tel rang dans le pays. Il avait alors laissé entendre que Washington pourrait ouvrir prochainement une ambassade à Moroni. Une démarche que les Etats-Unis ont déjà entreprise aux Seychelles et à Maurice, des îles longtemps restées au second plan de la stratégie américaine. Ce regain d’intérêt pour la zone a été formalisé pour la première fois par la « loi de stratégie pour la région de l’océan Indien », soumise au Congrès américain en mai, un texte qui vise à contrer l’influence chinoise dans la région.
« L’intérêt américain aux Comores est motivé à la fois par l’impératif sécuritaire et par le potentiel pétrolier », analyse une source diplomatique européenne. Depuis trois ans, un conseiller de Washington est présent à Moroni. « Ils sont bien plus actifs aux Comores, ils veulent assurer la surveillance au large du Mozambique, où les trafics et les actes de piraterie sont nombreux », avance cette même source.
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