Au milieu des immenses crises géopolitiques que traverse actuellement le monde, les scientifiques aussi doivent faire entendre leur voix. Nous sommes deux scientifiques formées en France et ayant exercé dans des institutions de recherche américaines, et nous estimons que la situation de la science aux Etats-Unis nous oblige à prendre la parole : il est de notre responsabilité de protester contre ce qui obère l’avenir du monde. Les dirigeants politiques et les diplomates l’ont fait pour défendre les équilibres du globe, les scientifiques doivent à leur tour le faire dans leur domaine, et bien au-delà de leur strict champ d’activité.
Car ce qui se passe aux Etats-Unis est non seulement un signal très fort des menaces que le populisme et les régimes illibéraux font peser sur le fonctionnement des démocraties, c’est aussi un coup très violent porté à la liberté d’expression, à la créativité, à la recherche. Et ce sans limite de frontières, car toute politique affaiblissant la recherche dans un pays entrave non seulement les avancées scientifiques à l’échelle mondiale mais aussi les valeurs démocratiques et la marche du progrès.
La science est aujourd’hui menacée. Le dire ne relève plus du simple constat sociologique. Oui, la science est menacée depuis plusieurs décennies, et fait partie des institutions remises en question par une modernité qui doute des grands schémas d’explication du monde. On oublie alors que la science n’est pas qu’un récit : elle sauve des vies. Si nous sommes passés d’une espérance de vie de 40 ans en moyenne au XIXe siècle à plus de 80 ans aujourd’hui, c’est notamment grâce aux progrès des vaccins et des antibiotiques.
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