Le Liberté et L’Aire libre. Quels beaux noms de salles pour décoincer des angoisses générationnelles ! Dans ces deux lieux que la 46e édition des Trans Musicales de Rennes investit parallèlement à sa programmation dans les grands halls du Parc Expo, une Franco-Coréenne de 24 ans, Miki, et un jeune couple belge de 23 ans, Candeur Cyclone, donnaient, jeudi 5 décembre, deux versions d’une parole postadolescente affranchie par l’autonomie de la musique électronique et l’autarcie du home studio.
A 18 heures, on se presse d’abord au Liberté, espace du centre-ville voué à l’accueil des professionnels et d’un public reçu gratuitement, l’après-midi, pour une série de concerts. Près d’un millier de personnes retrouvent Mikaela Duplay, alias Miki, derrière son pupitre de claviers et d’ordinateurs. Casquette – vite tombée –, chemise Yamaha posée par-dessus son crop top, elle lance ses machines avec une décontraction stylée, déjà remarquée dans les clips que cette ancienne élève d’école de cinéma met elle-même en scène.
Voix souple et espiègle
En quelques mois, un trio de morceaux – Jtm encore, Echec et mat, Cartoon Sex – a fait le buzz. Sur scène, sa voix souple et espiègle est mise particulièrement en avant, comme pour s’assurer que les spectateurs comprendront au mieux des textes intimes et sans filtre, alternant rap, chant et dialogues d’échanges téléphoniques.
Des histoires marquées à la fois par l’esthétique kawaii japonaise, cette version « adorablement » cartoonesque de la vie, et une sexualité cash, des amours toxiques, des abus qui ont laissé des traces (« J’ai les cuisses qui s’touchent parfois/J’dis des balivernes quand on m’écoute pas/J’ai un prof de tennis qui m’a touchée là où fallait pas/Depuis j’suis un peu ping-pong ding dong »). Sans compter les références multiples à l’usage des psychotropes.
Miki n’est pas tout à fait une débutante. Il y a deux ans, l’Eurasienne avait publié des premiers titres influencés par les icônes pop du moment (Dua Lipa, Charli XCX, Rosalia…). Des producteurs lui avaient conseillé de se concentrer sur des thèmes plus personnels. Pas n’importe quels producteurs, Yann Dernaucourt et Pierre Cornet, fondateurs du label Initial qui, sous les auspices d’Universal, a entre autres lancé les carrières de Clara Luciani, d’Eddy de Pretto, de Columbine ou d’Angèle.
Accueillant aujourd’hui Miki dans leur nouvelle maison de production, Structure, ils lui ont présenté des faiseurs de sons et des compositeurs, tels Canblaster ou Tristan Salvati, cosignataire de tous les succès d’Angèle. Pour des collaborations qui expliquent, peut-être, l’électronique très accrocheuse des morceaux entendus au Liberté. La suite du parcours étant déjà programmée (un EP sept titres et une Gaîté-Lyrique, à Paris, prévus en mars 2025, avant un album et un Olympia à l’automne).
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