Son nom n’est guère connu du grand public européen. Et pour cause : Fabio Deivson Lopes Maciel, dit « Fabio », a effectué toute sa carrière au Brésil. Voilà pourtant le gardien de Fluminense, club de Rio de Janeiro, entré dans les annales du football mondial. A l’occasion du huitième de finale de la Copa Sudamericana – l’équivalent sud-américain de la Ligue Europa – disputée par son équipe qui s’est imposée (2-0), mardi 19 août (dans la nuit de mercredi, en France), face aux Colombiens de l’América de Cali, Fabio, 44 ans, a pris part à son… 1 391e match professionnel. Du jamais-vu.
Trois jours plus tôt, samedi 16 août, après la rencontre de championnat face à Fortaleza, l’équipe carioca s’était déjà fendue d’un message sur le réseau social X : « 1 390 fois idole. » Un nombre équivalent à celui attribué par le Guide Guinness des records au portier anglais Peter Shilton, acquis en trois décennies, de 1966 à sa retraite sportive, en 1997. L’homme qui était dans la cage des Three Lions lors de la « main de Dieu » de l’Argentin Diego Maradona, en quarts de finale de la Coupe du monde 1986.
Si Fabio s’était montré très ému au moment d’égaler cette référence – remerciant « tous ceux qui f[aisaient] partie de [s]a vie, [s]on père, [s]a mère, [s]es sœurs, [s]es amis, [s]a femme » et « Dieu » –, il avait, en réalité, peut-être déjà dépassé son illustre prédécesseur : car, dans sa biographie sur X, Peter Shilton ne revendique « que » 1 387 apparitions officielles. Qu’importe, le match de mardi a clos définitivement le débat.
Constance impressionnante
Né le 30 septembre 1980 à Nobres, dans l’Etat Mato Grosso (centre-ouest du Brésil), Fabio commence sa carrière professionnelle avec l’Uniao Bandeirante, petite équipe aujourd’hui disparue. Nous sommes en 1997, l’année même où Peter Shilton raccroche les crampons. Tout un symbole. Le gardien y dispute 30 matchs, selon le décompte du quotidien O Globo. Il est prêté à l’Athletico Paranaense, puis à Cruzeiro, et son compteur reste bloqué jusqu’à ce qu’il rejoigne Vasco da Gama, en 2000. Devenu titulaire indiscutable en 2002, il jouera au total 150 rencontres sous le maillot de cette formation carioca jusqu’à son départ, en 2004.
C’est toutefois à Cruzeiro, club de Belo Horizonte, qu’il bâtit l’essentiel de sa légende : 17 saisons, 976 matchs, 12 titres, et une constance impressionnante. Mais, en 2022, Fabio annonce sur Instagram qu’il n’est pas parvenu à trouver un accord pour le renouvellement de son contrat et choisit donc de partir. Fluminense, alors en quête de stabilité dans sa cage, lui ouvre ses portes.
Il y prolonge son histoire au plus haut niveau et enrichit encore son palmarès, soulevant notamment, le 4 novembre 2023, la toute première Copa Libertadores du club – équivalent de la Ligue des champions – devant son public du Maracana de Rio de Janeiro.
Il n’a jamais porté le maillot de la Seleçao
Avec près de trente ans de carrière, forcément, Fabio a établi des références. Plus vieux joueur de l’histoire de Fluminense, plus vieux joueur à avoir disputé et remporté une finale de Copa Libertadores, joueur le plus âgé de l’histoire du championnat de première division brésilienne… Le plus âgé aussi à avoir joué une finale de Coupe du monde des clubs : le 22 décembre 2023, à 42 ans, contre Manchester City (défaite 0-4). La compétition se déroulait alors sous son ancien format.
Le gardien était encore dans la cage de Fluminense, cet été, lors de l’édition 2025 aux Etats-Unis, élargie pour la première fois à 32 équipes. Son groupe a rallié le dernier carré, avant d’être éliminé par le futur vainqueur, Chelsea (0-2). Cependant, Fabio a profité du tournoi pour ajouter une nouvelle ligne à ses impressionnants faits d’armes. Le 25 juin, en terminant la rencontre de la phase de groupes face aux Sud-Africains du Mamelodi Sundowns sans avoir encaissé de but, il a signé son 507e « clean sheet ». Mieux que l’une des légendes à ce poste : l’Italien Gianluigi Buffon (professionnel de 1995 à 2023).
Or, contrairement au Transalpin et à Peter Shilton, respectivement 176 et 125 capes avec leur sélection nationale, le Brésilien n’a jamais connu l’honneur de porter le maillot de la Seleçao. Champion du monde des moins de 17 ans, en 1997, aux côtés de Ronaldinho, il a bien figuré sur plusieurs feuilles de match de l’équipe A, notamment lors de la Copa America 2004, mais n’a jamais foulé la pelouse.
Une apparente incongruité, qui n’a pas écorné sa réputation dans son pays natal, où, considéré comme l’un des plus grands gardiens de son époque, il est loué pour son professionnalisme et sa capacité d’adaptation. Sous contrat jusqu’en décembre 2026, il pourrait poursuivre sa carrière jusqu’à 46 ans, établissant ainsi un nouveau record qui devrait rester longtemps hors d’atteinte.
