Décentrement radical et heureux pour le public qui se rend à l’annexe de la Manufacture d’Avignon, une salle délocalisée au-delà des remparts dans une maison plantée au milieu d’herbes folles. Avec Azira’i, spectacle joliment sous-titré « une comédie musicale de souvenirs », la comédienne Zahy Tentehar propage le vent du Brésil sur la cité provençale. Impact émotionnel garanti avec cette représentation autobiographique qui relève du stand-up, du tour de chant, de la performance, le tout couronné par la présence éminemment théâtrale de l’interprète.
Surgissant du fond du plateau que dissimule un rideau de perles blanches, Zahy Tentehar saisit d’une voix ferme l’attention du public, elle arrime son écoute à la langue portugaise et entraîne ses regards et son imaginaire, à sa suite, loin d’Avignon, loin de la France et bien loin de l’Europe. C’est peu dire que ce déplacement oxygène, d’autant qu’il ne relève jamais de l’exotisme ou du folklore.
Direction le village natal de l’actrice, dans le Maranhão, au cœur d’une réserve autochtone brésilienne. C’est là que vivait sa mère, à qui elle consacre cette représentation qui vagabonde entre passé et présent et déploie par touches précises un arrière-pays de traditions, de rituels, de croyances. L’actrice a beau habiter désormais à Copacabana, surfer sur Internet, prendre l’avion, fréquenter l’application Tinder (elle y a rencontré son mari), elle est dépositaire d’une histoire qui la hante et la constitue.
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