Un éclair argenté surgit des coulisses. Il couronne une silhouette en combinaison grise, de dos, qui semble retenue par une courroie. Tirant sur ce harnais – en réalité un hamac, apprend-on ensuite –, l’étrange personnage progresse au ralenti, se retournant parfois, levant un bras, puis l’autre. Il contemple une paroi grise sur laquelle sont projetés des nuages et des footballeurs américains tandis qu’une retransmission radiophonique d’un match troue l’air.
Cette virgule happée par l’effort, c’est elle, Lucinda Childs. A 84 ans, l’immense danseuse et chorégraphe américaine, également comédienne, complice de Bob Wilson depuis les années 1970, se risque sur scène pour une apparition terriblement énigmatique. Parallèlement à trois nouvelles pièces courtes conçues en 2024, pures bulles Lucinda Childs, elle glisse cette relecture partielle de sa performance Geranium, créée en 1965, au cours de laquelle elle endosse le rôle d’un joueur qui tente désespérément de saisir un ballon.
Cette séquence d’une farouche étrangeté, à l’affiche jusqu’au 22 mars de Chaillot-Théâtre national de la danse, vaut chère. Elle offre le plaisir d’observer Lucinda Childs en action dans une sorte d’acte de bravoure. Pieds nus accrochés au sol, toujours en biais, elle livre ce combat cinématographique devant des images signées en 2022 par le plasticien Anri Sala, avec qui elle réactive cet extrait de Geranium.
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