C’est une Philharmonie de Paris en délire qui a salué le final de Gypsy, la « fable musicale » de Jule Styne – compositeur des musiques des films Les hommes préfèrent les blondes (1953) et Funny Girl (1968) –, dont la première française, montée en février à l’Opéra de Nancy, poursuivra sa route au Luxembourg. Considérée comme « la mère des comédies musicales », Gypsy, qui ne partage avec l’opérette de Francis Lopez (1916-1995), créée au Théâtre Sébastopol de Lille, fin 1971, que le patronyme, a vu défiler, depuis sa création en 1959 – avec la mythique Ethel Merman (1908-1984) et plus de deux mille représentations –, la plupart des grandes divas de Broadway dans le rôle écrasant de Madame Rose, ce personnage de mère abusive, dont la dévorante ambition n’aura de cesse de transformer ses deux filles, June et Louise, en stars.
Tiré des mémoires de la seconde, la moins aimée et la moins douée des deux, devenue une célébrité du strip-tease sous le pseudonyme de Gypsy Rose Lee (1911-1970), le livret d’Arthur Laurents (1917-2011) relate le quotidien, entre espérances avortées et déboires bien réels, de la petite famille de saltimbanques, qui a d’abord sillonné les Etats-Unis pendant la première moitié du XXe siècle, auditionnant et se produisant dans de petits spectacles « rêvés » par leur mère. Traduit et partiellement réécrit en français par Agathe Mélinand, le texte suit le destin de la jeune Louise, que le mariage de sa sœur plus douée, June, a propulsé, faute de mieux, sur le devant de la scène. C’est alors qu’Herbie, un ancien agent d’artistes tombé amoureux de la matricielle Rose, décroche « par erreur » le sulfureux contrat qui fera basculer la vie de la jeune femme dans la célébrité.
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