Il leur reste six mois à vivre. A une vingtaine de mètres de hauteur, au sommet de troncs clairs et fins, la couleur rouge des aiguilles ne laisse aucune place au doute : ces sapins « blancs » ou « pectinés », car leurs aiguilles sont alignées comme les branches d’un peigne, situés sur la commune du Vernet-Chaméane (Puy-de-Dôme), à 700 mètres d’altitude, sont condamnés. « C’est le résultat des sécheresses répétées des trois ou quatre dernières années, constate Baptiste Betemps, gestionnaire forestier au sein de la coopérative CFBL, qui vit à quelques minutes de là. Avant, il pleuvait tous les mois et il n’y avait pas ces gros coups de canicule. Ce sont des changements hyperbrutaux pour les arbres. »
Sur la parcelle, des sapins morts sont déjà au sol, l’un d’eux coupant la piste forestière. Même les arbres, dont le houppier est encore vert, en apparence en bonne santé, ont perdu des aiguilles, laissant entrevoir le ciel. Signe que cela ne va pas si bien que ça.
Le sapin pectiné, dont le bois très blanc est traditionnellement utilisé pour la charpente et la menuiserie intérieure, est emblématique de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Pour la plupart, les sapinières sont d’origine naturelle – elles ne sont pas plantées. Dans une note datant de mars 2024, le département de la santé des forêts de la région estime que cette « essence stratégique » ne « passera pas le cap » à moyen terme. Il décrit une « montée en altitude des dommages » et prédit « une disparition progressive des piedmonts », des plaines situées au pied de massifs montagneux. L’hécatombe concerne aussi d’autres zones géographiques : des mortalités sont constatées en Provence, au sud de son aire de répartition, ou dans le Grand-Est.
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