L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER
Il n’y a, sans doute, rien de moins imaginatif qu’un cinéma qui ne se réclamerait que de l’imaginaire. Ce que l’on appelle le « fantastique » ou l’« horreur » au cinéma n’est-il pas souvent l’expression d’un ressassement, de la répétition, du radotage, du lieu commun, de l’image essorée à force d’avoir déjà été vue, du cliché qui compte sur sa banalité pour rassurer un spectateur peu désireux de sortir de ses habitudes d’amateur de films de genre ?
La première réaction que l’on peut éprouver en découvrant La Malédiction. L’origine relève donc d’un sentiment rare, celui de se trouver face à quelque chose de subtilement inédit, d’inspiré, de visionnaire peut-être. Une œuvre qui s’enrichirait de divers degrés de perception et de lecture, proposant des strates de sensations et des niveaux de réflexion inattendus.
L’on pourrait, superficiellement, pourtant, considérer le premier long-métrage d’Arkasha Stevenson comme un pur projet mercantile de plus. Comme son titre l’indique, il s’agit de donner une origine à ce qui fut un des grands succès du cinéma d’horreur des années 1970. La Malédiction (1976), de Richard Donner (1930-2021), qui, lui-même, capitalisait sur l’engouement qu’avait suscité L’Exorciste (1973), de William Friedkin (1935-2023), en imaginant l’arrivée de l’Antéchrist. Celui-ci serait un enfant adopté, alors qu’il venait de naître d’une femme morte en couches, par l’ambassadeur des Etats-Unis à Rome – incarné avec une certaine solidité par Gregory Peck (1916-2003).
Trois suites, un remake, une série télévisée donnèrent ensuite vie à la mythologie engendrée par le film de Donner. La Malédiction. L’origine constitue donc ce que l’on appelle une préquelle du film, non pas une suite, mais la description des causalités qui ont mené à la situation décrite par La Malédiction.
Richesse plastique
Une jeune religieuse américaine se rend dans un couvent en Italie afin d’y prononcer ses vœux définitifs et de se mettre au service de l’Eglise au sein d’un orphelinat catholique. Une série d’événements étranges et inquiétants lui font progressivement soupçonner l’existence d’un complot obscur dont elle pourrait être la victime.
Perdue au cœur d’un monde effrayant, celui d’un enfermement où seuls l’ocre et le noir donnent leurs couleurs aux lieux et aux humains, s’autorisant de brèves échappées nocturnes et festives au centre d’une métropole en pleine ébullition, l’héroïne devient la victime expiatoire d’un dessein maléfique et mystérieux, un dessein qui contient aussi un projet politique.
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