Après Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), au cœur de l’une de leurs précédentes créations, Rousseau et Jean-Jacques (2021), le duo formé par la metteuse en scène Marjorie Nakache et le comédien Xavier Marcheschi – cofondateurs de la compagnie du Studio Théâtre de Stains (Seine-Saint-Denis), en 1984 – s’intéresse à un autre grand nom de la littérature française, Victor Hugo (1802-1885), dans leur nouveau spectacle, Le Roman d’une vie. Les deux écrivains font partie des auteurs le plus souvent cités en références lors du mouvement des « gilets jaunes » en 2018, comme le rappelle Marjorie Nakache. Peut-être parce que les thèmes qu’ils abordent dans leurs œuvres – l’injustice, les inégalités sociales, le partage des richesses – entrent en résonance avec l’actualité.
L’objectif n’est pas ici de transposer sur scène l’intégralité de l’intrigue des Misérables, le roman-fleuve publié par Victor Hugo en 1862, et de venir ainsi gonfler le nombre déjà élevé des adaptations théâtrales ou cinématographiques plus ou moins réussies de ce monument de la littérature française du XIXe siècle. L’idée, plutôt originale, de Marjorie Nakache et Xavier Marcheschi est de n’en garder que la trame générale, comme une sorte de fil conducteur, et quelques personnages emblématiques, comme Jean Valjean, Fantine, Cosette, Gavroche… et de les confronter à Victor Hugo lui-même et à sa propre existence. Pour reprendre le titre du spectacle, Les Misérables sont vraiment le « roman d’une vie » : il aura fallu plus de quinze ans à l’écrivain pour en venir à bout. C’est en 1845 que Victor Hugo a commencé à écrire cette fresque épique d’abord intitulée Les Misères (ou Livre des misères), avant d’en interrompre la rédaction en 1848 pour ne la reprendre qu’en 1860, durant son exil à Guernesey.
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