Un tribunal de Bakou a condamné, lundi 23 juin, le politiste et partisan de la paix avec l’Arménie Bahruz Samadov à quinze ans de prison pour « haute trahison » en vertu de l’article 274 du code pénal. Le 20 juin, le parquet avait requis une peine de seize ans à son encontre, au terme d’une enquête menée par le DTX, le service de sécurité d’Azerbaïdjan, pour « suspicion de collaboration avec les services spéciaux arméniens ».
Intellectuel prolifique et observateur sagace de l’autoritarisme en Azerbaïdjan, Bahruz Samadov devra purger sa peine dans un établissement pénitentiaire de haute sécurité, a décidé le juge Elnour Nouriyev, du « tribunal pénal spécial » de Bakou. Trois jours plus tôt, cette cour, chargée de la répression politique, venait de condamner sept journalistes à des peines allant de sept ans et demi à neuf ans de prison.
Lors de son arrestation, le 21 août 2024, Bahruz Samadov arborait un large sourire plein de confiance, passant menotté d’un fourgon de police à un commissariat de Bakou. Une année de prison préventive a tout changé. Selon les informations de plusieurs proches contactés par Le Monde, Bahruz Samadov a tenté de mettre fin à ses jours le 21 juin, au lendemain de la réquisition du parquet. Le 19 juin, le dissident avait entamé une grève de la faim sèche.
« Il semble que Bahruz soit très déprimé. Je me fais beaucoup de soucis pour lui », confie l’historien exilé en France Altay Goyushov, qui a publié plusieurs travaux de M. Samadov. Le politiste a fait savoir, par le truchement de son avocat et de ses proches, qu’il rejette les accusations et ne se considère pas coupable. Pour lui, l’accusation de trahison est fabriquée de toutes pièces. Selon son avocat, il a refusé de s’exprimer devant le juge lors de la dernière audience consacrée à la défense.
Contactée par le média en exil Meydan TV, sa grand-mère, Zibeïda Osmanova, explique avoir rendu visite à Bahruz dans sa prison, le 22 juin, à 11 heures. « Nous n’avons pas été autorisés à parler en privé, un gardien était présent tout le temps. Nous avons parlé en sa présence pendant seulement dix minutes. Bahruz m’a dit qu’après l’intervention du procureur au tribunal, il avait décidé de mettre fin à ses jours. Au dernier moment, son codétenu l’a sauvé », a expliqué Mme Osmanova. Il aurait tenté de se pendre à un cintre.
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