Il y a eu les « fins de mandat Covid-19 » – ces chefs d’orchestre qui ont quitté leur poste, comme Kent Nagano à l’Orchestre symphonique de Montréal, en silence, privés de concerts ou de tournée. Mais aussi les « prises de poste Covid-19 », qui ont commencé sans public, avec des musiciens à distance, dans une relative clandestinité. C’est le cas d’Aziz Shokhakimov, le jeune et talentueux Ouzbek recruté, en 2021, par l’Orchestre philharmonique de Strasbourg. Des débuts difficiles, si l’on en croit le maestro âgé de 36 ans. « Bien que je connaisse les musiciens pour les avoir dirigés plusieurs fois depuis 2014, les premiers contacts n’ont pas été évidents, reconnaît-il. Etablir une communication a pris du temps. Mais l’alchimie est meilleure chaque jour. »
Un euphémisme, si l’on en croit le premier enregistrement publié en 2023 chez Warner Classics, un album Tchaïkovski (Symphonie n° 5). Celui que le Syndicat de la critique venait de désigner « personnalité musicale » de l’année y révélait une sensibilité ardente et un stylisme raffiné à la tête d’une phalange strasbourgeoise remarquable de cohésion et d’homogénéité, de magnificence sonore. En 2024, un album Prokofiev confirmait l’entente cordiale, en attendant le beau Daphnis et Chloé, de Ravel, qui vient de sortir pour le 150e anniversaire de la naissance du compositeur français. « Je me suis pris de passion pour la musique française à l’adolescence, notamment les partitions de Debussy et de Ravel, qui m’ont appris à apprécier les couleurs de l’orchestre, à comprendre l’importance du plus petit détail. »
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