Dans la bande de Gaza, la peur d’une occupation totale par Israël
« Mais quand donc ce cauchemar prendra-t-il fin ? » : la perspective d’une extension des opérations de l’armée israélienne dans la bande de Gaza suscite le désespoir des Palestiniens interrogés par l’Agence France-Presse, après vingt-deux mois de siège et de massacres de la population.
« Nous vivons déjà chaque jour avec l’angoisse et la peur de l’inconnu. Les discussions sur l’expansion des opérations terrestres par Israël signifient plus de destructions et de mort », s’alarme Ahmad Salem, 45 ans, résident d’un camp de réfugiés dans le nord de Gaza, et aujourd’hui déplacé dans l’ouest du territoire.
« Nous lisons et entendons tout dans les nouvelles (…), et rien de tout cela n’est en notre faveur », s’inquiète Sanaa Abdullah, 40 ans, habitante de Gaza. « Israël ne veut pas s’arrêter. Les bombardements continuent, le nombre de martyrs et de blessés monte en flèche, la famine et la malnutrition s’aggravent, et les gens meurent de faim. Que pourrait-il nous arriver de pire ? », fustige-t-elle.
« Maintenant, ils parlent de plans pour étendre leurs opérations comme si nous n’étions même pas humains, juste des animaux ou des chiffres », s’offusque Sanaa. « Une nouvelle invasion terrestre signifie de nouveaux déplacements, de nouvelles peurs, et nous ne trouverons même pas d’endroit où nous cacher. La situation est déjà insupportable, pas d’eau, pas assez de nourriture. Que se passera-t-il s’ils commencent une autre opération terrestre ? Dieu seul est avec nous… »
« Nous avons vécu beaucoup de guerres auparavant, mais aucune comme celle-ci. Cette guerre est longue et épuisante. D’un déplacement à un autre, nous sommes exténués », souligne Amal Hamada, 20 ans, du nord de Gaza, aujourd’hui déplacée à Deir Al-Balah, dans le centre de l’enclave.
« A mon âge, je devrais être à l’université, continuer mes études, non pas vivre dans une tente, perdre tout ce que j’aime, subir la famine et les déplacements forcés. Nous ne pouvons même plus bouger. Si une nouvelle opération terrestre commence, ce sera une catastrophe humanitaire encore plus grande. Nous n’avons plus la force de courir, de fuir, ou même de crier. Le monde doit agir avant que nous soyons effacés. Quand ce cauchemar prendra-t-il fin ? »