L’ONU presse le Royaume-Uni d’annuler l’interdiction « disproportionnée » du mouvement Palestine Action
Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a reproché au Royaume-Uni d’avoir interdit le mouvement Palestine Action, parlant d’une utilisation « dérangeante » de la loi contre le terrorisme. « La décision apparaît disproportionnée et pas indispensable. Elle limite les droits de beaucoup de gens engagés aux côtés de Palestine Action et soutenant le mouvement sans commettre eux-mêmes la moindre action répréhensible et exerçant leurs droits à la liberté d’expression, la liberté d’association et de se rassembler pacifiquement », a déclaré Volker Türk dans un communiqué.
L’interdiction, décidée sur le fondement d’une loi britannique sur le terrorisme, est entrée en vigueur en juillet après que des militants du groupe Palestine Action ont pénétré dans une base aérienne dans le sud de l’Angleterre. Deux avions ont été aspergés de peinture rouge, causant des dégâts estimés à 7 millions de livres sterling, soit environ 8 millions d’euros.
L’interdiction soulève des « préoccupations sérieuses quant à l’application des lois antiterroristes à des actes qui ne relèvent pas du terrorisme », et risque d’entraver l’exercice des libertés fondamentales au Royaume-Uni, a affirmé Volker Türk. Selon les normes internationales, les actes terroristes devraient se limiter à des infractions criminelles visant à causer la mort ou des blessures graves, ou à la prise d’otages, dans le but d’intimider une population ou de contraindre un gouvernement à agir ou à s’abstenir d’agir. Mais cette interdiction rend entre autres criminel le fait d’être membre de Palestine Action, d’exprimer un soutien pour le groupe ou de porter des vêtements susceptibles de marquer une appartenance ou un soutien, a relevé M. Türk.
La police britannique a arrêté au moins 200 manifestants – dont beaucoup étaient pacifiques – depuis l’entrée en vigueur de l’interdiction, selon le bureau des droits de l’homme de l’ONU. Palestine Action a condamné son interdiction, la qualifiant d’attaque contre la liberté d’expression. L’appartenance ou le soutien au groupe est désormais passible d’une peine pouvant aller jusqu’à quatorze ans de prison.