Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a annoncé jeudi 22 mai soir avoir choisi le général de division David Zini comme prochain chef de l’Agence de la sécurité intérieure, Shin Bet, défiant l’interdit que lui avait signifié la veille la procureure générale de l’Etat.
Cette dernière, Gali Baharav-Miara, a estimé dans un communiqué qu’ « il existe un sérieux soupçon [que M. Nétanyahou] ait agi en situation de conflit d’intérêts, et le processus de nomination est vicié », laissant entrevoir une contestation de cette nomination devant la Cour suprême.
Dans la foulée, le chef de l’opposition israélienne, Yaïr Lapid, a appelé David Zini à refuser de prendre la direction du Shin Bet. « Nétanyahou est dans une situation de grave conflit d’intérêts », a écrit le chef du parti Yesh Atid (centre-droit) sur X. « J’appelle le général Zini à annoncer qu’il ne peut pas accepter cette nomination tant que la Cour suprême ne s’est pas prononcée sur cette affaire », a-t-il ajouté.
Nétanyahou campe sur sa ligne
« Le général Zini a occupé de nombreux postes opérationnels et de commandement dans les Forces de défense israéliennes », selon le bureau du premier ministre, qui mentionne son passé de combattant de l’unité d’élite Sayeret Matkal, ou encore de fondateur de la brigade commando, une unité indépendante.
Fils d’émigrés venus de France et petit-fils d’une survivante du camp d’extermination nazi d’Auschwitz, le général Zini est actuellement chef du commandement de la formation au sein de l’armée israélienne et à la tête du corps d’état-major général. Le gouvernement le crédite d’avoir rédigé en mars 2023 un rapport exposant les failles de l’armée israélienne en cas « d’incursion surprise » en Israël à partir de la bande de Gaza.
Mme Baharav-Miara avait interdit mercredi soir à M. Nétanyahou de nommer en l’état un successeur au chef démissionnaire du Shin Bet, Ronen Bar. Arguant d’un « conflit d’intérêts » du premier ministre dans cette affaire, elle avait justifié sa décision en s’appuyant sur un arrêt rendu le même soir par la Cour suprême et jugeant « contraire à la loi » la décision prise en mars par le gouvernement de limoger M. Bar.
Mais le chef de l’exécutif a campé sur sa ligne en affirmant qu’il avait bel et bien l’intention de proposer un candidat au vote du gouvernement. M. Nétanyahou soutient que le gouvernement peut décider à sa guise de nommer et renvoyer le chef du Shin Bet, auquel il reproche de n’avoir pas su empêcher l’attaque sanglante du Hamas contre Israël, qui a déclenché le 7 octobre 2023 la guerre à Gaza.
Une ONG luttant pour la transparence politique en Israël a d’ores et déjà annoncé son intention de contester cette nomination devant la Cour suprême. « Il s’agit d’un test crucial pour l’Etat de droit en Israël », écrit le Mouvement pour un gouvernement de qualité sur son compte prévenant qu’il « ne restera pas indifférent face à cette démarche effrontée ». « Dans les prochains jours, nous soumettrons un nouveau recours à la Haute Cour de justice contre cette nomination invalide et nous continuerons à résister fermement aux tentatives de défier le système judiciaire », ajoute-t-il.