Bernard Arnault devra écourter son voyage à l’étranger. Jeudi 28 novembre au matin, quelques heures avant son retour initialement prévu, le PDG de LVMH est attendu au tribunal correctionnel de Paris pour être entendu en qualité de témoin dans le cadre du procès de Bernard Squarcini, ancien patron du renseignement intérieur, et de neuf autres personnes, a annoncé le président du tribunal Benjamin Blanchet au premier jour du procès, mercredi 13 novembre. Les dix prévenus sont renvoyés pour des chefs de prévention allant de l’« exercice illégal d’agent de recherches privées » au « trafic d’influence passif », principalement en lien avec des missions données à M. Squarcini par le groupe de luxe.
M. Arnault devra répondre aux questions des juges sur son éventuelle connaissance de l’opération de surveillance et d’infiltration menée par son groupe entre 2013 et 2016, pour la modique somme de 400 000 euros, sur le journal Fakir et son cofondateur, François Ruffin. Alors journaliste – depuis devenu député (divers gauche) de la Somme –, M. Ruffin préparait en 2013 un documentaire, Merci patron !, dont les personnages principaux étaient un couple d’ouvriers licenciés par un sous-traitant du groupe LVMH. Il prévoyait également de filmer une action militante pacifique à l’assemblée générale des actionnaires.
Risque réputationnel
Le PDG de LVMH avait déjà été entendu en 2019 par l’inspection générale de la police nationale (IGPN) en qualité de témoin. Il avait alors déclaré que Bernard Squarcini travaillait sous l’autorité de son bras droit, Pierre Godé, mort en janvier 2018, et qu’il ignorait tout des demandes faites par son vice-président. Plusieurs échanges au dossier attestent cependant de contacts entre le « Squale » et la secrétaire de Bernard Arnault.
Il est peu probable que M. Arnault change de version devant le tribunal. Sa présence, cependant, est une obligation, théoriquement : elle fait suite à une citation à comparaître sollicitée par François Ruffin. Mais si le code de procédure pénale prévoit des sanctions pécuniaires et l’émission d’un mandat d’amener en cas d’absence sans motif légitime, voire un renvoi du procès, ces dispositions ne sont pas systématiquement appliquées si le témoin a déjà été entendu pendant la procédure. Le risque réputationnel de se voir escorté au tribunal par des policiers subsistait cependant pour Bernard Arnault, patron d’un groupe coté en Bourse.
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