C’est un sujet encore très peu documenté en France. Alors qu’aux Etats-Unis, statistiques ethniques aidant, les études sont nombreuses, la recherche sur les « biais implicites raciaux » en santé, ces préjugés et stéréotypes inconscients susceptibles de conduire à des différences dans la prise en charge des patients, reste encore confidentielle dans l’Hexagone. Les travaux publiés se concentrent, jusqu’ici, dans les domaines de la périnatalité et des urgences.
« J’ai commencé à m’intéresser à cette question au début des années 2010 car les discriminations vécues dans les différentes sphères de la vie sociale ne pouvaient pas expliquer à elles seules les inégalités de santé maternelles et périnatales que nous constations. Au-delà des discriminations exercées consciemment, il nous semblait que des discriminations inconscientes étaient à l’œuvre parmi les professionnels de santé », explique Elie Azria, gynécologue obstétricien, chef de la maternité de l’hôpital Paris Saint-Joseph.
Pour documenter cette hypothèse, il a coordonné et construit avec des membres de l’équipe de recherche en épidémiologie obstétricale périnatale et pédiatrique (Epopé-Inserm) à laquelle il appartient, un programme de recherche, baptisé « BIP » (biais implicites en périnatalité), financé par l’Agence nationale de la recherche et lancé en 2019. L’idée étant d’éclairer les différences de traitements entre les femmes nées en France et les femmes migrantes.
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