- Certaines personnes ne peuvent s’empêcher de faire des traits d’humour.
- Faire des blagues à l’excès n’est pas forcément un manque de tact.
- Un trouble neurologique rare peut être à l’origine de ce comportement.
Vous avez sans doute dans votre entourage une personne qui ne résiste jamais à l’envie de lancer une blague ou un jeu de mots. Si cela semble anodin, cette tendance peut parfois révéler un trouble plus sérieux.
Lorsqu’elle devient irrépressible et surgit dans des contextes inappropriés (deuil, dispute…), il faut s’en inquiéter. Ce comportement a un nom : le syndrome Witzelsucht, qui signifie en allemand « soif de plaisanterie ».
Les cas d’école du syndrome Witzelsucht
« Comment apaiser la faim ? Éloignez-vous du buffet »
. Cette plaisanterie fait partie du flot incessant de blagues d’un certain Derek, cité par la BBC en 2016. Après cinq années de gags, il a fini par consulter Mario Mendez, neurologue à l’université de Californie. Le verdict est tombé : Derek souffrait du syndrome Witzelsucht, un trouble lié à des lésions cérébrales.
Ce n’était pas une première dans l’histoire de la médecine. Dès 1929, le neurologue allemand Otfrid Foerster avait observé un cas similaire. En opérant un patient pour retirer une tumeur – sans anesthésie –, ce dernier s’était soudain lancé dans une rafale de jeux de mots, déclenchée par la simple manipulation de la tumeur.
Comment se manifeste-t-il ?
Tous les amateurs de bons mots ne sont pas concernés par le syndrome Witzelsucht. Il reste rare et survient le plus souvent après une atteinte du lobe frontal du cerveau, due à un AVC, un traumatisme crânien ou une tumeur. Dans le cas de Derek, il avait subi deux accidents vasculaires cérébraux à cinq ans d’intervalle, ainsi qu’une hémorragie cérébrale.
Interrogé par la BBC, le psychiatre Joachim Mullner précise : « Le lobe frontal est particulièrement impliqué dans la production et le contrôle de nos émotions, dans le contrôle de nos ‘envies’ et ‘pulsions’, mais également dans la reconnaissance du fait que l’on est malade »
. Lorsque cette région du cerveau est altérée, on observe une « levée d’inhibition de la production et du contrôle d’émotions, de pensées et de comportement par le cerveau »
.