
L’un des auteurs des attentats de 1995, Boualem Bensaïd, toujours incarcéré bien que la justice l’ait autorisé à sortir de prison sous réserve d’être expulsé vers l’Algérie, a saisi mardi le tribunal administratif de Strasbourg pour demander son expulsion, a appris, mercredi 3 septembre, l’Agence France-Presse (AFP) auprès de son avocat.
L’Algérien de 57 ans est toujours en détention au centre pénitentiaire d’Ensisheim (Haut-Rhin), malgré la décision rendue le 10 juillet par la cour d’appel de Paris qui permettait sa libération à partir du 1er août à la condition qu’il soit expulsé vers l’Algérie. Une demande de laissez-passer a été transmise à la fin de juillet au consulat de Strasbourg, mais aucune réponse n’a été donnée.
Le 9 août, Boualem Bensaïd a demandé au ministre de l’intérieur d’être assigné à résidence dans l’attente de son expulsion, sans réponse à ce stade, selon la requête déposée au tribunal administratif de Strasbourg, consultée par l’AFP.
Dans ce référé-liberté, une procédure en urgence, l’Algérien demande au tribunal d’enjoindre à la préfecture du Haut-Rhin de procéder à son expulsion vers l’Algérie « dans un délai de vingt-quatre heures » à compter de la notification de sa décision.
Bras de fer administratif
« L’absence de laissez-passer n’a pas empêché Bruno Retailleau d’expulser manu militari un influenceur algérien en janvier. Il ne peut pas y avoir d’expulsion à géométrie variable », a déclaré à l’AFP son avocat, Romain Ruiz, en référence à l’influenceur Doualemn.
Ce dernier, de son vrai nom Boualem Naman, avait été expulsé le 9 janvier en Algérie pour avoir diffusé une vidéo sur TikTok appelant à « donner une sévère correction » à un opposant au régime algérien. Mais les autorités algériennes l’avaient immédiatement renvoyé en France, déclenchant une crise avec Paris.
Selon le référé-liberté, « l’inertie de la préfecture du Haut-Rhin dans l’exécution de la mesure d’éloignement voulue par la justice pénale concernant Boualem Bensaïd ne s’explique dès lors que par des considérations politiques, le ministère de l’intérieur ne souhaitant manifestement pas prendre le risque d’un nouveau “camouflet” de la part des autorités algériennes ».
Le 1er août, le ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait déclaré « souhaiter vivement » que l’Algérie accepte Boualem Bensaïd.
Boualem Bensaïd a été reconnu coupable d’avoir posé la bombe qui a explosé dans le RER B à la station Saint-Michel, à Paris, le 25 juillet 1995, faisant huit morts et 150 blessés. L’action faisait partie d’une vague d’attaques revendiquée par le Groupe islamique armé (GIA) algérien, qui reprochait à la France son « soutien » au régime d’Alger.
Boualem Bensaïd avait été condamné en 2002, puis en appel en 2003, à la perpétuité avec une période de sûreté de vingt-deux ans. Il est incarcéré depuis près de trois décennies.