Depuis le début de l’année, plus de 18.000 hectares ont brûlé en France, notamment en Bretagne et en Bourgogne.
Pour prévenir les feux de forêts, le brûlage dirigé est un outil efficace, mais difficile à mettre en œuvre, car elle mobilise beaucoup d’hommes.
Le JT de 20H de TF1 a pu suivre une opération dans le maquis corse.
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Initiatives environnementales
C’est l’un des meilleurs outils de prévention contre les feux de forêt : la technique du brûlage dirigé. « Le vent est de 7 km/h Est, ce qui est idéal pour à la fois conduire le feu et pas trop pour ne pas se faire déborder », explique Gilles Planelles, pompier et expert en feux de forêt. C’est évidemment le risque, mais la vingtaine de pompiers et de forestiers engagés ce jour-là près des aiguilles de Bavella mesurent parfaitement les dangers du maquis, même quand il ne paraît pas très fourni. « Regardez la hauteur des flammes, ça propage le feu très vite et c’est très calorifique. C’est tellement chaud que l’été, on s’en approche pas. »
C’est grâce à ce brûlage déjà réalisé ici il y a six ans que l’incendie de Bavella, en février 2020, a notamment pu être stoppé. « On a enlevé du combustible et donc on l’a empêché de pouvoir poursuivre sa route. »
Hausse du risque, baisse des incendies
Le combustible, c’est toute la problématique en Corse : 350.000 hectares de végétation supplémentaire en 150 ans. Toussaint Barboni étudie les feux à l’université de Corte et, selon lui, le risque n’a jamais été aussi grand parce qu’avec les sécheresses qui s’allongent, il y a de plus en plus de bois mort : « Par exemple, ici on a de la bruyère, ce qui est vivant va moins bien brûler, mais ce qui est du combustible mort brûle beaucoup, montre-t-il dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article. C’est pour ça qu’il faut débroussailler. Si on débroussaille, le feu n’a plus rien à manger, il va aller voir les zones où il y a de quoi manger et va contourner les maisons. Et c’est important de respecter les OLD (Obligations légales de débroussaillement), définies à 50 mètres autour des maisons ».
Cette obligation prévue par la loi n’est pas assez respectée, surtout dans des villages qui se vident de leurs habitants. Prunelli, qui domine la côte Est, est en cela un cas d’école, car il est ouvert aux quatre vents et donc vulnérable au feu. Une situation de risque qu’un scientifique de l’université de Corte a mesuré précisément. Le chercheur Jean-Baptiste Filippi, qui est aussi pompier volontaire, a simulé numériquement l’un des scénarios possibles : « Le feu dans ce canyon va créer son propre vent. Ça accélère le vent et il va potentiellement coucher les flammes. Et s’il y a suffisamment de végétation, ça va donner assez de puissance pour que ces flammes-là arrivent à toucher les habitations et devenir un feu urbain. »
Un outil qui aide les pompiers à se déployer sur le terrain et qui a de surcroît convaincu les propriétaires des premières maisons susceptibles d’être touchées de faire le nécessaire. Couper la route du feu, c’est la stratégie et c’est à cela que scientifiques, pompiers et forestiers travaillent de concert. Comprendre d’où vient le risque et débroussailler partout où c’est nécessaire. Des dizaines de zones coupe-feu sont aménagées et là où les engins ne passent pas, rien de mieux que les feux préventifs.
À 1500 mètres d’altitude la vingtaine d’hommes engagés finit de diriger le brûlage. Laurent Risterucci était là, il y a cinq ans, pour combattre l’incendie qui a emporté 4000 hectares. C’était pourtant en février : « On a de la sécheresse, on a du vent, tout est réuni pour qu’il y ait des feux d’hiver. La vigilance qu’on avait avant pour la saison de feux de forêt l’été, on l’a maintenant toute l’année. » Une vigilance et un travail préventif qui porte ses fruits puisque malgré la hausse du risque, les incendies diminuent en Corse en nombre et en superficie : 4000 hectares de brûlés il y a vingt ans, presque dix fois moins l’an dernier.