Le ministre de l’économie, Eric Lombard, a exclu mercredi 22 janvier l’idée d’une taxation des retraités pour financer la protection sociale dans le budget 2025, assurant qu’il n’y aurait « pas de nouveaux impôts sur les ménages ».
Interrogé dans le quotidien économique Les Echos sur cette suggestion faite mardi par la ministre du travail, Astrid Panosyan-Bouvet, M. Lombard répond que « la position du gouvernement est sans ambiguïté : pas de nouveaux impôts sur les ménages ». Selon lui, « l’adoption du budget 2025 doit, au contraire, permettre que 18 millions de personnes ne voient pas leur impôt sur le revenu augmenter grâce à l’indexation du barème ».
La ministre du travail a proposé mardi de faire contribuer au financement de la protection sociale « les personnes retraitées qui peuvent se le permettre », évaluant leur nombre à « 40 % », « en fonction du niveau de pension ». « Il y a différentes taxes et cotisations qui pourraient être envisagées [pour] les retraités qui peuvent se le permettre (…) en fonction du niveau de pension, a-t-elle également précisé. C’est à discuter, ça peut être 2 000 euros, ça peut être 2 500. » Pour la ministre, « le financement de la protection sociale aujourd’hui incombe trop aux entreprises et aux travailleurs ».
« Une proposition personnelle »
Sa proposition a soulevé un tollé du côté du Rassemblement national (RN) et de La France insoumise (LFI). Matignon a déjà souligné de son côté que la proposition de Mme Panosyan-Bouvet était « une proposition personnelle ».
« Taxer des retraités qui ont 2 000 euros de retraite » est « totalement scandaleux », a estimé le vice-président du RN, Sébastien Chenu. « S’il y a ça dans le budget (…), je suis favorable à ce qu’on ne laisse pas passer », a-t-il dit sur TF1, en laissant sous-entendre que ce serait un motif de censure.
« Je trouve ça scandaleux d’un point de vue démocratique », a pour sa part réagi le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, sur BFM-TV. Si LFI est favorable à « une réforme fiscale pour que les hautes fortunes contribuent davantage », « essayer de faire croire que c’est une mesure de justice fiscale d’aller s’en prendre aux retraités qui gagnent 2 000 euros par mois, ça me paraît vraiment très malhonnête », a-t-il jugé.
Cette proposition a suscité par ailleurs des réactions contrastées chez les soutiens du gouvernement. Le vice-président d’Horizons, Christian Estrosi, l’a jugée « inadmissible » sur RTL. « Pour tous les retraités, c’est la même règle. Parce que si on commence à toucher à un niveau de retraite, la porte est ouverte et petit à petit on va en abuser et aller vers les pensionnés les plus faibles », a jugé le maire de Nice, ville prisée de nombreux retraités.
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A l’inverse, la députée (MoDem) Perrine Goulet a estimé mardi, lors d’un point presse à l’Assemblée nationale, « pas inopportun » de réfléchir à une participation des retraités à l’effort de financement des besoins du grand âge. « Il ne faut rien se fermer », et éviter que les efforts ne « reposent que sur les actifs », a-t-elle souligné. L’idée a également été défendue par le président du Medef, Patrick Martin. Selon lui, « tout le monde doit participer à l’effort de guerre » pour réduire les déficits.