Eric Ciotti a fait alliance avec Marine Le Pen mais semble parfois regretter la période reaganienne de son père, Jean-Marie. Baisse de taxes tous azimuts, vente des participations de l’Etat et économies sur les intermittents, l’immigration ou l’audiovisuel public : pour son premier budget, l’Union des droites pour la République (UDR), nouveau mouvement de l’ancien leader de la droite, a repris le bréviaire de la droite libérale, et ajouté une dose de lepénisme. Le petit groupe de 16 députés affirme son identité économique, au risque d’apparaître en contradiction avec son allié, le Rassemblement national (RN). « Chez Les Républicains, on devait cohabiter avec la ligne Xavier Bertrand, là ce n’est plus le cas, se réjouit l’entourage d’Eric Ciotti. On veut réduire le périmètre d’intervention de l’Etat. »
Dans le Journal du Dimanche, le 13 octobre, Eric Ciotti a donné le ton d’un parti qui ne craindra pas la caricature, en qualifiant le budget du gouvernement de Michel Barnier de « socialiste » et en parlant de « choc fiscal extrêmement violent ». Il promet, à l’inverse, « une réduction massive des dépenses publiques et une baisse des prélèvements obligatoires ». Dans son premier jet d’amendements, le groupe UDR propose surtout des pertes de recettes pour l’Etat et de rares pistes d’économies régulièrement soulevées à droite. D’autres viendront ultérieurement, dit le groupe, citant la niche fiscale des armateurs et une réinternalisation des missions de « la moitié des autorités administratives indépendantes ».
Eric Ciotti se fait fort de supprimer le régime des intermittents, comme nombre de dirigeants de droite avant lui, et de cesser de financer l’audiovisuel public via la TVA. Pour le reste, outre l’opposition aux impôts ciblés proposés par Michel Barnier, Eric Ciotti suggère des baisses de taxes financièrement symboliques et frappant les citoyens les plus aisés. A supprimer, selon lui : la taxe dite « Chirac » de solidarité sur les billets d’avions, que le gouvernement veut, à l’inverse, doubler ; la taxe sur les logements vacants, qui incite depuis 1998 les propriétaires d’appartements dans les grandes villes à louer leurs biens, et finance l’Agence nationale de l’habitat ; et même la taxe d’aménagement sur les abris de jardin et vérandas – de plus de 20 mètres carrés. « C’est la fin des taxes idéologiques et liberticides », plaide-t-on. Autres recettes perdues : les droits de succession et de donation, qui seraient considérablement diminués.
Deux autres propositions du député de Nice ont été retirées à la veille de l’ouverture des débats, après un arbitrage de groupe : l’une supprimait la cotisation salariale qui finance les organisations syndicales et patronales, via le Fonds pour le financement du dialogue social ; l’autre ciblait la taxe sur les biens de luxe, un impôt forfaitaire qui s’applique à la vente de métaux précieux, de bijoux ou d’objets de collection – selon l’exposé des motifs, elle « encourage l’évasion fiscale ».
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