À partir du 1ᵉʳ janvier prochain, les « passoires thermiques » ne pourront plus être mises en location.
Une mesure qui concerne les nombreux logements classés G sur l’ensemble du territoire.
Une équipe de TF1 s’est rendue dans les Hauts-de-France, région particulièrement concernée.
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Initiatives environnementales
Les Hauts-de-France se hissent sur le podium d’un classement peu flatteur. Celui établi par la dernière étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) pour classer les régions comptant le plus de logements énergivores, au premier rang desquelles seules la Bourgogne-Franche-Comté et la Normandie dépassent de peu l’ex-Nord-Pas-de-Calais, avec plus de 43% de « passoires thermiques », ces habitations ayant obtenu un G, la pire note, sur l’échelle de diagnostic de performance énergétique (DPE). Et qui deviendront, à compter du 1ᵉʳ janvier prochain, interdites à la location.
« On a proposé au propriétaire de refaire la toiture, puisqu’elle présente une vétusté. Ça coûterait de 15.000 à 20.000 euros. Mais comme les revenus locatifs représentent la totalité de sa retraite, financièrement, ce serait difficile pour lui. Donc maintenant, il envisage une mise en vente », pose l’agente immobilière lilloise Gaëlle Lengagne, dans le reportage du JT de 20H visible en tête de cet article, tout en faisant visiter à TF1 un appartement classé G. Dans la métropole lilloise, quatre logements sur dix sont des passoires thermiques, ce qui représente 167.000 constructions.
Comment expliquer une telle concentration ? « La première chose, c’est le parc de logements et ses caractéristiques, répond Catherine Renne, directrice régionale de l’Insee dans les Hauts-de-France. Il y a davantage de logements anciens, construits avant 1975, dont plus de la moitié sont énergivores… Ça tient aussi au niveau de vie dans la région, qui est plus bas qu’ailleurs. Et la rénovation, ça a un coût. » Un coût élevé, on l’a vu, pouvant s’avérer rédhibitoire pour nombre de propriétaires.
D’autant que, plus on s’éloigne de Lille, plus la problématique locale s’amplifie. On compte, dans les Hauts-de-France, 42% de logements mal isolés, soit un million de biens. Et dans certaines zones, comme au nord de l’Aisne ou à l’est de la Somme, ce taux culmine même à 70% et 60%. Monchy-le-Preux, petit village de 600 habitants près d’Arras, est aussi concerné. Alors les propriétaires, perdus dans la jungle administrative des aides, ont droit à des réunions d’information, animées par la Maison de l’habitat durable. « Je dois refaire toute ma toiture, voire installer des panneaux solaires. Mais ça coûte très cher. Donc si on peut avoir une subvention, et surtout savoir quelle subvention, c’est le principal », témoigne l’un de ceux y ayant assisté.
Ces aides, pouvant atteindre des montants généreux, s’appuient en effet sur des mécanismes subtils. À titre d’exemple, les collectivités refuseront de financier un système de chauffage ou une fenêtre sans avoir d’abord analysé l’état des toitures. « 30% de la déperdition de chaleur, c’est par la toiture ! Donc avant d’engager des frais pour remplacer une chaudière par une pompe à chaleur, diagnostiquons l’état du logement. C’est une aide à la décision, un conseil que nous donnons à nos administrés pour faire les bons choix », insiste Jean-Pierre Perri, vice-président de la communauté urbaine d’Arras (Pas-de-Calais).
Une ville où les chantiers de rénovation se multiplient. Dans l’un d’eux, on constate que poser de la laine de roche sur les murs suffit à isoler convenablement tout un bâtiment. « Le chantier global a coûté un peu plus de deux millions d’euros, dont environ 800.000 euros de subventions », éclaire Kemal M’Foungoulie, responsable technique du pôle copropriété de la région Hauts-de-France, le reste étant donc à la charge des copropriétaires. Un investissement rentable selon Patricia, qui a dû débourser entre 10.000 et 20.000 euros pour que sa résidence soit rénovée, et dont les factures d’énergie ont fondu depuis : « On payait 2.300 euros par an, et là, on est à 1.400 euros. Donc c’est vraiment une économie importante. » En plus d’être bon pour la planète.