Après avoir vigoureusement démenti des rumeurs alarmantes sur l’état du président Paul Biya, les autorités du Cameroun ont « formellement interdit » aux médias d’évoquer sa santé, dans une note ministérielle adressée aux gouverneurs régionaux dont l’Agence France-Presse a eu copie jeudi.
« Le chef de l’Etat est la première institution de la République, et les débats sur son état relèvent du domaine de la sécurité nationale », stipule la note signée par Paul Atanga Nji, le ministre de l’administration territoriale. « Tout débat dans les médias sur l’état du président de la République est par conséquent formellement interdit », et « les contrevenants devront faire face à la rigueur de la loi », poursuit cette note interne datée du 9 octobre, tamponnée d’une mention rouge « très urgent ».
Le courrier ordonne à chaque gouverneur de créer « des cellules de veille chargées de suivre et d’enregistrer toutes les émissions et débats dans les médias privés et d’identifier les auteurs de commentaires tendancieux, y compris ceux qui agissent à travers les réseaux sociaux ». L’absence prolongée du chef de l’Etat, qui n’a fait aucune apparition publique depuis le début de septembre, a suscité des inquiétudes, des questions puis des rumeurs alarmantes sur les réseaux sociaux.
« Il vaque à ses occupations à Genève »
Présent à Pékin au sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) du 4 au 6 septembre, le chef de l’Etat, âgé de 91 ans, n’a pas participé à la dernière Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies à New York, ni au dernier Sommet de la francophonie, à Villers-Cotterêts (Aisne) et Paris.
A 91 ans, Paul Biya est le plus vieux dirigeant élu en exercice. Il dirige sans partage le Cameroun depuis bientôt quarante-deux ans. Pour couper court aux « manœuvres de désinformation » l’annonçant « gravement malade, voire passé de vie à trépas », la présidence a publié mardi un communiqué rassurant sur son « excellent état de santé ». Il « travaille et vaque à ses occupations à Genève », selon la présidence ; il « se porte bien et rejoindra le Cameroun dans les prochains jours », selon le porte-parole du gouvernement.
Depuis quelques années, il n’apparaît plus que pour de rares discours télévisés, enregistrés et péniblement énoncés. Ou sur des photos et vidéos de fêtes de famille, au côté de Chantal, sa très influente épouse. Ses détracteurs l’accusent de régner depuis une tour d’ivoire depuis son village natal de Mvomeka’a, dans le Sud, où il passe l’essentiel de son temps quand il n’est pas à l’étranger, alors que le Cameroun affronte d’importants défis sécuritaires, économiques et sociaux.