Il n’est pas encore 11 heures, mardi 1er juillet, et il fait près de 36 °C dans les rues de Châtillon (Hauts-de-Seine). Pas grand monde se promène entre les immeubles de cette commune de 36 224 habitants située dans la petite couronne de la banlieue, au sud de Paris. Une voiture freine et son conducteur interpelle Antoine Jouenne, adjoint au maire chargé de l’éducation et de la vie scolaire. « C’est bon, j’ai déposé une climatisation mobile au réfectoire de l’école Jolliot-Curie, ça va leur faire du bien », lui lance l’agent municipal. Ici, comme dans la plupart des villes franciliennes, les établissements n’ont pas fermé malgré le passage en vigilance canicule rouge décidée lundi 30 juin en fin de journée. Alors, M. Jouenne fait la tournée des écoles.
Dans la cour la plus ombragée du groupe scolaire Langevin-Wallon, deux classes de CM1 et une de maternelle se sont installées sous les arbres pour échapper à la fournaise des classes. Au programme, jeux de société et lecture. Chaque enseignant a consulté son thermomètre. « J’avais 32 °C dès le début de la matinée, explique Anne, professeure en CM1 (les personnes citées par leur prénom n’ont pas souhaité donner leur nom de famille). Heureusement, beaucoup de parents ont compris la situation et ont gardé leurs enfants. » Sur les 23 élèves de sa classe, 16 sont restés chez eux, trois sont partis en vacances anticipées. Son collègue Aldo en a dix aujourd’hui. Construite en 1966, l’école est installée dans trois bâtiments aux murs fins et aux grandes fenêtres exposés au sud, des passoires thermiques. La municipalité dirigée par la socialiste Nadège Azzaz s’est attaquée aux cours bitumées en installant des coins végétalisés et a fait poser des nouveaux stores pour un budget de 40 000 euros.
Entre deux pauses brumisateur, une idée ressurgit, celle d’Emmanuel Macron qui avait promis de rénover les 45 000 établissements scolaires de France en dix ans. Coût de l’opération : entre 40 et 50 milliards d’euros. Le projet avait été évoqué pour la première fois en avril 2023, il est très loin d’être financé, surtout depuis que la France a vu son déficit budgétaire s’aggraver. « Nous avons fait un diagnostic des 13 écoles et nous avons commencé par rénover Les Sablons, celle où la situation était la plus urgente. Sur le 1,4 million d’euros de dépenses, nous avons reçu 150 000 euros d’aides, précise M. Jouenne, qui estime que la municipalité peut rénover une école tous les deux ans. Cela pourrait donc nous prendre vingt-six ans, c’est beaucoup trop lent par rapport au changement climatique, nous en avons bien conscience. En attendant, nous installons des stores, quelques ventilateurs, nous prêtons des climatisations, même si nous avons bien conscience que c’est du palliatif. »
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