SÉLECTION OFFICIELLE – EN COMPÉTITION
Toute programmation de festival a sa part d’utopie, et la sélection officielle de la 78ᵉ édition cannoise semble être animée, au vu des œuvres sélectionnées, d’un désir de pacification et de construction d’un petit monde, sinon meilleur, du moins à l’abri de la furie ambiante.
En lice pour la Palme d’or, Dossier 137, nouvelle fiction de Dominik Moll, avec Léa Drucker dans le rôle d’une enquêtrice de l’IGPN, la police des polices, réussit à rendre lisible le débat qui fait rage sur la question des violences policières et, à ce titre, fait œuvre d’apaisement. Même si le film fera sans doute polémique, puisqu’il montre la difficulté d’incriminer les forces de l’ordre, même lorsqu’une enquête étayée permet d’établir des manquements graves. Léa Drucker incarne une sorte de justicière empêchée dans son travail. Dominik Moll signe, de fait, un film courageux sur un sujet inflammable.
Un grain de sable, dans la machine bien rodée de ce Dossier 137, s’est glissé à la veille de l’ouverture du Festival : le délégué général, Thierry Frémaux, a été informé que l’un des acteurs, Théo Navarro-Mussy (qui joue un policier suspect de la BRI, brigade de recherche et d’intervention), avait été accusé, en 2023, de violences sexuelles par trois anciennes compagnes – ce qu’ignoraient le réalisateur ainsi que la productrice du film, Caroline Benjo (Haut & Court), comme celle-ci l’a indiqué à Télérama. Si la plainte a été classée sans suite, les trois plaignantes ont l’intention de déposer un recours en se constituant partie civile. L’affaire n’étant pas close, le Festival a décidé que l’acteur ne serait pas accueilli à Cannes. La montée des marches, jeudi 15 mai, s’est donc faite sans lui.
Il vous reste 62.03% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.