La comédienne Hafsia Herzi signe des débuts remarqués en compétition au Festival de Cannes.
« La Petite Dernière », son troisième film, est l’adaptation du roman de Fatima Daas, paru en 2020.
La véritable histoire d’une jeune fille de banlieue, tiraillée entre son homosexualité naissante et la religion.
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Festival de Cannes 2025 : des films, des stars et de l’engagement
Si la Palme d’or 2025 du 78ᵉ Festival de Cannes doit être à la fois intimiste, poétique et engagée, alors ce sera La Petite Dernière de Hafsia Herzi. Pour son troisième film derrière la caméra, la comédienne révélée par Abdellatif Kechiche dans La Graine et le Mulet a choisi d’adapter le roman du même nom de Fatima Daas, paru en 2020. Un texte à la fois très personnel et totalement universel puisqu’il raconte le combat de son auteure, fille d’immigrés algériens, en conflit entre son homosexualité et sa foi musulmane.
Alors qu’elle s’apprête à passer son baccalauréat, l’héroïne interprétée par la nouvelle venue Nadia Melliti prend conscience qu’elle n’entre pas dans « les cases ». Ses grandes sœurs se maquillent et apprennent à préparer de bons petits plats avec leur mère ? Elle préfère traîner en survêt et jouer au foot avec sa bande de copains de lycée. À la veille d’entrer à la fac à Paris, Fatima éconduit le garçon qui rêve qu’elle devienne la mère de ses enfants et s’inscrit sur une application de rencontres. La porte d’entrée d’un nouveau monde qui va la conduire jusqu’à Ji-Ni (Park Ji-Min), une infirmière dont elle tombe amoureuse.
Écrit à la première personne, le roman de Fatima Daas plongeait dans la psyché de son auteure avec un ton percutant, voire brutal, exprimant son combat intérieur pour faire coexister son identité sexuelle et ses convictions religieuses. En comparaison, le film de Hafsia Herzi est plus tendre et sensuel, scrutant la peau, les gestes, les regards de son héroïne tiraillée entre deux mondes, presque deux espaces temps. Celui du balcon de l’appartement familial où elle porte une abaya pour prier en scrutant un horizon incertain. Celui des clubs lesbiens où elle découvre une nouvelle communauté de corps et d’esprit.
Avec une grande finesse, La Petite Dernière cherche moins à opposer ces réalités qu’à interroger la possibilité d’un chemin pour son héroïne et pour toutes celles et ceux qui se reconnaitront en elles dans les mois qui viennent. Son message courageux et nécessaire par les temps qui courent sera-t-il entendu par-delà nos frontières, dans des régions du monde où l’existence de ce film serait rigoureusement impossible ? On ne serait pas surpris que Juliette Binoche et son jury désirent l’amplifier dans une semaine…
>> La Petite Dernière de Hafsia Herzi. Avec Nadia Melliti, Ji-Min Park, Louis Memmi. 1h46. En salles le 1er octobre