SÉLECTION OFFICIELLE
En compétition
Sirat
Cinéaste français d’origine espagnole, Oliver Laxe est l’auteur d’une poignée de films dont la radicalité esthétique avait été remarquée. Il n’en reste pas moins que sa présence en compétition est une vraie surprise, dont il n’est pas certain que Sirat justifie l’audace. Le film met en scène, dans le désert marocain, la rencontre d’un père (Sergi Lopez) à la recherche de sa fille disparue et d’un groupe de raveurs (iroquois, amputés, tatoués, post-punks sous LSD) réticents à la marche capitaliste mondialisée. A partir de ce road movie improbable, martelé par le beat de la techno, on dira, pour justifier le doute sérieux qu’il nous inspire, que le film n’est pas en cohérence avec l’ascèse que fondamentalement il semble défendre (acteurs non professionnels, désert comme décor, modèle de société alternatif…) en raison de l’ambition dévorante qui la met plastiquement et narrativement en forme, au risque de la grandiloquence, voire de la désinvolture. Prises de vues aériennes à n’en plus finir du convoi dans le désert, état de guerre déclaré au Maroc, réminiscences de grandes mythologies du cinéma, de Freaks à Mad Max, dynamitage des trois quarts des personnages sans que les effets de ce désastre soient spécialement envisagés, black-out assumé sur la disparition de la jeune femme qui a mis le motif fictionnel du film en mouvement. Il est vrai, sur ce dernier point, que Michelangelo Antonioni, autre grand mythe du cinéma, avait déjà osé ce geste somptueux (L’Avventura, 1960), mais il n’est pas certain, eu égard aux modalités de sa réédition, que la raison en soit suffisante. Jacques Mandelbaum
Film français, espagnol d’Oliver Laxe (2 heures). En salle le 3 septembre.
Cannes Première
Qui brille au combat

Pour son premier film comme réalisatrice, la comédienne Joséphine Japy met en scène une histoire très personnelle, inspirée de sa propre enfance passée au côté d’une sœur handicapée atteinte d’une maladie génétique rare. Qui brille au combat s’intéresse en premier lieu à ce que vivent au quotidien les aidants. Madeleine (Mélanie Laurent) est la mère sacrificielle qui dévoue chaque instant de sa vie au bien-être de Bertille, sa fille cadette fragile. Gilles, le père (Pierre-Yves Cardinal, aperçu dans Simple comme Sylvain), tout à sa culpabilité, fuit dans le travail un foyer devenu trop pesant pour lui. Quant à Marion (Angelina Woreth), le personnage principal du film, lycéenne en terminale, elle oscille entre son dévouement à aider sa mère et ses velléités d’émancipation, attirée notamment par Thomas (Félix Kysyl), un ami de ses parents. Porté par une solide direction d’acteur, Qui brille au combat est un film tout en ambivalence, attentif, dans la mise en scène, à son environnement. Dans une veine réaliste pas exempte d’un peu de romanesque, il fait de ce foyer un cocon protecteur autant qu’un lieu d’enfermement. Celui dans lequel chacun étouffe, mais tente de retrouver dans la solidarité un peu d’air et sur lequel vient buter ce premier essai, par endroits maladroit dans l’écriture, quelque peu prisonnier du carcan dans lequel sont pris ses personnages. Boris Bastide
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