Le trouble de l’accumulation touche 2 à 6 % de la population mondiale.
Aussi appelé syllogomanie, il se caractérise par une accumulation compulsive d’objets.
Cette pathologie, qui peut paraître anodine, est en réalité problématique.
Vous gardez de vieux journaux, vos anciennes affaires que vous n’utilisez plus depuis longtemps, des sacs qui pourront un jour servir ? Vous souffrez peut-être de syllogomanie. Aussi appelée thésaurisation pathologique ou encore accumulation compulsive, il s’agit d’un trouble mental, d’après le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’American Psychiatric Association. Concrètement, « cette difficulté se traduit par l’accumulation de biens qui encombrent les espaces de vie au point que l’utilisation normale de ces zones est sensiblement compromise », note la société savante.
Pour savoir si vous êtes touché par cette pathologie, il faut identifier quelques critères, à savoir un besoin incontrôlable de conserver des objets et une difficulté insurmontable pour les jeter. « Cette accumulation engendre une détresse de la personne qui finit par s’isoler socialement par honte de son habitat. Un constat pourtant paradoxal puisqu’elle est voulue par le sujet », relève le site syllogomanie.fr. Les mouvements des sujets atteints sont également impactés, puisque l’accumulation encombre peu à peu le logement des personnes atteintes.
Cette pathologie touche 2 à 6% de la population mondiale, d’après une étude publiée dans The British Journal of Psychiatry en 2020. Bien souvent, les sujets souffrant de ces troubles sont touchés par d’autres « comme l’anxiété ou la dépression », précise l’American Psychiatric Association.
Pourquoi certaines personnes sont-elles atteintes de syllogomanie ?
Contactée par la BBC, Christiana Bratiotis, professeure associée à l’Université de Colombie-Britannique, au Canada, explique ce qu’il se passe dans la tête des patients souffrant de syllogomanie. Elles ont une envie impulsive « d’acheter des choses ou de les collectionner gratuitement, ou encore de garder en sécurité des objets qui sont entrés passivement dans leur vie ». Selon l’experte, certains des objets acquis ou reçus en cadeaux ont une forte valeur émotionnelle. Les sujets s’attachent à eux. « Les gens veulent les préserver en raison des croyances qu’ils ont à l’égard de ces objets et du lien émotionnel fort qu’ils entretiennent avec eux », résume la professionnelle.
Attention, danger !
Si le trouble de la thésaurisation peut sembler anodin, il présente en réalité quelques dangers pour la santé. Interrogé par la BBC, Gregory Chasson, psychologue clinicien et professeur associé à l’Illinois Institute of Technology, basé aux États-Unis, explique que « l’accumulation compulsive peut entraîner toutes sortes de dangers : risques d’incendie, chutes, blessures et un énorme risque d’infestation qui augmente les chances de développer des maladies comme l’asthme ». La santé mentale peut, elle aussi, en pâtir. Et pour cause, les personnes souffrant de syllogomanie peuvent s’isoler à mesure qu’elles accumulent des objets. D’autant que les amis peuvent mal interpréter cette accumulation. Elle peut être perçue comme de la négligence, souligne Christiana Bratiotis. Dès lors, l’entourage passe souvent complètement à côté de la véritable raison de cet empilement d’objets.