Le SMS d’insultes en anglais est arrivé sur le smartphone d’Elise Lucet le 16 mars à 0 h 33, d’un numéro inconnu. La présentatrice de « Cash Investigation » a l’habitude des messages houleux après ses émissions. Mais un SMS aussi véhément, elle n’en avait jamais reçu : la journaliste a porté plainte, selon les informations du Monde.
Cette attaque nocturne n’est pas la seule reçue par « Cash Investigation » et ses équipes depuis le 6 février, date de diffusion sur France 2 d’une enquête sur les « secrets » de la famille Mulliez. Deux journalistes françaises ayant travaillé sur le sujet de Chine ont aussi été visées, tout au long du mois de mars, par une campagne de cyberharcèlement et de dénigrement d’une ampleur et d’une férocité inédites contre l’émission d’investigation.
Venue de Chine, parfaitement organisée et séquencée, l’offensive a été si violente que l’une des journalistes a dû, selon nos informations, quitter précipitamment le territoire chinois, sur conseil appuyé des autorités françaises. Ces attaques, dénoncées notamment par Reporters sans frontières (RSF) le 19 mars, ont été suivies de près par plusieurs services hexagonaux.
Des séquences en caméra cachée
Tout part d’une séquence de huit minutes dédiée à Qingdao Jifa, l’un des sous-traitants en Chine de Decathlon, entreprise française de grande distribution d’articles de sport et de loisirs appartenant à la famille Mulliez. On y voit les deux journalistes françaises filmer, en caméra cachée, l’intérieur de deux usines chinoises de ce fournisseur de la marque. Une fillette de 12 ans apparaît en train de confectionner un polo Decathlon, alors que le travail des enfants est censé être interdit en Chine. Une cadre d’une usine évoque également la présence sur place de coton en provenance du Xinjiang, où la Chine est accusée de faire travailler de force des Ouïgours.
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