- Laisser un enfant rentrer seul dépend de sa maturité et de son autonomie, pas uniquement de son âge.
- Les parents doivent discuter avec l’enfant pour évaluer sa confiance et ses capacités.
- La psychologue pour enfants et adolescents, Florence Millot, nous éclaire sur les stratégies à mettre en place pour renforcer sa sécurité.
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Réussir l’éducation de ses enfants
Que l’on vive à la campagne ou dans une grande ville, il arrive un moment dans la vie d’un enfant où les parents se posent la question de laisser l’enfant rentrer seul après l’école. Souvent, c’est parce que les parents n’ont pas d’autre choix, d’autres fois, c’est parce que l’enfant en exprime l’envie. Pour les parents, c’est une étape importante qui peut susciter quelques angoisses. Surtout, ils peuvent se demander si ce n’est pas encore trop tôt. En réalité, l’âge n’est pas ce qui importe le plus. Si l’on se pose une question d’âge, on oublie une donnée très importante : savoir qui est son enfant. « Il y a des enfants à six ans qui se retournent à peine et d’autres à dix ou douze ans pour qui c’est compliqué parce qu’ils n’ont pas de sécurité intérieure, parce qu’à l’école, ça ne se passe pas très bien, il faut pouvoir s’adapter à l’enfant
« , nous explique la psychologue Florence Millot. Elle ajoute « ce n’est pas tant l’âge, mais plutôt l’autonomie de l’enfant, hors situation scolaire, qui compte
« .
Mais aussi la maturité de l’enfant. Est-ce qu’il est en confiance, est-ce qu’il est capable d’appeler s’il y a un souci à la maison, est-ce qu’il a de bons réflexes ? Ces facteurs vont permettre d’aiguiller les parents qui pourront proposer à l’enfant de rentrer seul de l’école. Bien sûr, cette décision doit faire l’objet d’une discussion. Est-ce que l’enfant se sent prêt ou, au contraire, n’a pas envie ou dit que ça lui fait peur ? Selon les réponses, les parents peuvent réfléchir à des stratégies pour l’accompagner. Mais permettre à l’enfant de rentrer seul permet de cultiver son instinct, d’adopter les bons réflexes, d’améliorer son observation de l’environnement et son autonomie. Par ailleurs, le contexte joue énormément sur la décision de laisser un enfant rentrer seul ou pas. « Un enfant dans une grande ville et un enfant à la campagne, ce n’est pas du tout la même chose. Et puis, il y a des enfants qui n’ont pas le choix ».
Guider en temps réel et sécuriser l’enfant au maximum
L’enfant va exprimer tout seul sa peur de rentrer seul ou de prendre le métro. Dans ces cas-là, il est toujours possible, en début d’année, de trouver des alternatives : connecter des copains avec qui faire le trajet ensemble, ou bien d’autres parents qui sont voisins. « Quand l’enfant est un peu inquiet, les parents peuvent faire le trajet plusieurs fois avec lui et anticiper toutes les possibilités
« .
« Un enfant, pour qu’il comprenne, il ne faut pas juste lui expliquer, il faut faire avec lui. Quand son cerveau aura acquis et intégré la situation, parce qu’il l’aura répétée plusieurs fois, il n’aura pas peur
« . Elle conseille ainsi de varier les trajets, d’ajouter parfois une station en moins ou une station en plus, par exemple, si l’enfant doit prendre le métro ou le bus, dans l’éventualité où il se trompe de chemin. Le but est de le guider en temps réel et de sécuriser l’enfant au maximum. Il ne faut pas hésiter non plus à demander à l’enfant s’il a des peurs spécifiques afin de lui proposer des stratégies et lui apprendre à repérer toutes les situations dans lesquelles il peut se mettre en sécurité. « Ça peut être repérer une famille ou une dame qui a l’air gentille ou une personne qui le met en confiance, pour qu’il puisse marcher ou s’asseoir à côté
« . Cela étant, elle précise que chez l’enfant, c’est « assez instinctif
« . Ainsi, un enfant qui a peur va plutôt avoir tendance à s’asseoir près du chauffeur. Par ailleurs, il ne faut pas hésiter à donner l’autorisation à l’enfant de se lever, sortir, changer de place si quelque chose ou quelqu’un lui fait peur. « Dans les transports, lorsque l’enfant sent qu’il y a quelque chose qui le dérange ou qu’il a peur, il a tendance à se figer
« , note Florence Millot.
L’anxiété des parents
Par ailleurs, les parents ne doivent pas oublier de donner aux enfants le réflexe de les prévenir lorsqu’ils rentrent. Pour la psychologue, c’est une manière de dire « je te fais confiance, mais en échange, tu m’envoies un texto quand tu rentres
« . La règle, c’est que l’enfant doit toujours être joignable pour que le lien de confiance puisse se faire dans les deux sens.
Surtout, c’est aussi aux parents d’apprendre à lâcher prise. Même si ce n’est pas toujours aisé, surtout pour les parents anxieux. Souvent, elle naît d’une représentation erronée, de scénarios intérieurs qu’on imagine. « L’anxiété ne se contrôle pas vraiment, mais si c’est trop difficile pour les parents, ils peuvent très bien dire à l’enfant ‘on teste, mais avec une aide’
« . Cela peut être une personne qui vient expressément le chercher à la sortie de l’école ou bien un parent. Autre possibilité : tester pendant un mois. « Le cerveau de l’adulte, c’est comme celui de l’enfant. Une fois que l’adulte aura ancré positivement une expérience, naturellement, il évolue
« . En revanche, si l’enfant revient un jour de l’école et rapporte une mauvaise expérience, il ne faut pas hésiter à prendre un temps d’écoute, mettre en place des stratégies de « régression, à savoir trouver quelqu’un pour l’accompagner
« . Et de conclure : « il faut apprendre à être proactif et réactif par rapport au réel plutôt que de s’inventer des angoisses que l’enfant n’aura peut-être même pas ».