Une voiture a percuté des personnes présentes à un marché de Noël, vendredi 20 décembre, dans la ville allemande de Magdebourg (Saxe-Anhalt), et fait deux morts – un enfant et un adulte – et 68 blessés, a rapporté la mairie de la ville. Les autorités locales parlent d’un « attentat ». Un homme, un médecin de 50 ans originaire d’Arabie saoudite, a été arrêté.
Que s’est-il passé sur le marché de Noël de Magdebourg ?
Il était environ 19 heures quand la voiture a foncé dans la foule « sur au moins 400 mètres à travers le marché de Noël », a expliqué un porte-parole de la police de Magdebourg. L’assaillant était au volant d’un SUV noir qui a enfoncé des barrières de sécurité, effectuant ensuite des zigzags dans l’enceinte du marché, selon les témoignages de visiteurs sur le site d’information local Volksstimme. En tentant de faire demi-tour, il a été stoppé par des policiers, selon la même source.
« Nous pensons qu’il s’agit d’un attentat », a dit, à l’AFP, une porte-parole du ministère de l’intérieur du Land de Saxe-Anhalt.
Nadine, 32 ans, se trouvait sur le marché en compagnie de son petit ami Marco, 39 ans, lorsque la voiture l’a happé. « Il a été traîné et arraché à moi, c’était terrible », a-t-elle raconté au journal Bild. « Personne n’a crié, nous n’avons pas entendu la voiture », a-t-elle expliqué. Elle a précisé que son compagnon avait été blessé à la jambe et à la tête et qu’elle ne savait pas dans quel hôpital il avait été transporté, décrivant une « incertitude insupportable ».
Des images de visiteurs présents sur le marché, diffusées par les médias locaux, montrent des personnes tentant d’aider celles qui gisent sur le sol entre les étals parés de décorations de Noël. Les lumières de la fête ont rapidement été noyées par les gyrophares et les feux des véhicules de secours et de police dans un va-et-vient incessant pour évacuer les blessés. De grandes tentes blanches ont été dressées, accueillant les victimes non loin des cabanons prévus pour débiter vin chaud et pains d’épices pour le dernier week-end de l’Avent.
Qui est le suspect ?
L’auteur présumé est un médecin de 50 ans originaire d’Arabie saoudite, arrivé en 2006 en Allemagne et disposant du statut de réfugié. Il exerçait dans la région de Saxe-Anhalt, dont Magdebourg, à 160 kilomètres à l’ouest de Berlin, est la capitale régionale. Cet homme, présenté dans les médias comme Taleb A., a « agi seul », selon le chef du gouvernement de la région, Reiner Haseloff. Il a été placé en garde à vue.
Selon M. Haseloff, il ne s’agit en rien d’une coïncidence mais d’une « synchronisation temporelle » voulue pour des raisons « politiques ». L’attaque survient en pleine campagne électorale en Allemagne, placée en état d’alerte contre le risque d’attentats. Les marchés de Noël sont une « cible idéologiquement appropriée pour les personnes motivées par l’islamisme », avaient mis en garde les services de renseignement allemands avant la période des fêtes.
Les motivations du suspect restent pourtant peu claires car il n’était pas connu de la police comme islamiste et, selon des médias allemands, il avait même publié des opinions sur les réseaux sociaux dénonçant les dangers de l’islamisation.
L’Allemagne promet de faire « toute la lumière sur le contexte »
La maire de Magdebourg, Simone Borris, a fondu en larmes face à la presse : « Je n’aurais jamais pu imaginer que la ville soit touchée par un tel événement ».
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Le chancelier, Olaf Scholz, a prévu de se rendre samedi sur place. La ministre de l’intérieur, Nancy Faeser, a assuré que les services de sécurité allaient « faire toute la lumière sur le contexte » de cette attaque. Le chef de l’Etat allemand, Frank-Walter Steinmeier, a parlé d’un attentat dans un communiqué. « La joie d’un Noël paisible à venir a été brutalement interrompue », a-t-il réagi.
Friedrich Merz, candidat à la chancellerie pour les conservateurs aux élections législatives du 23 février 2025, a aussi réagi sur le réseau social X : « Mes pensées vont aux victimes et à leurs proches. Je remercie toutes les forces d’intervention qui s’occupent des blessés sur place. »
L’extrême droite a rapidement réagi, en Allemagne et à l’étranger, où le débat est vif sur la sécurité et l’accueil de personnes immigrées. « Quand cette folie prendra-t-elle fin ? », a écrit sur X la coprésidente de l’AfD, Alice Weidel, dont le parti est crédité de la seconde place aux élections législatives.
La France « partage la douleur du peuple allemand » : les réactions internationales
L’Arabie saoudite a « condamné », tôt samedi, cette attaque, affirmant son « rejet de la violence ». Le royaume du Golfe a exprimé « sa solidarité avec le peuple allemand et les familles des victimes », dans un communiqué du ministère des affaires étrangères diffusé sur X.
« La France partage la douleur du peuple allemand et exprime toute sa solidarité », a déclaré le président français, Emmanuel Macron, sur X également, se disant « profondément choqué ». « Les Français revivent l’effroi des attaques terroristes qui nous ont touchés. Notre solidarité est totale, ce deuil est le nôtre et notre volonté de combattre est absolue », a abondé le premier ministre, François Bayrou, sur le même réseau social.
Toujours sur X, la dirigeante nationaliste et conservatrice italienne Giorgia Meloni a aussi dit être « choquée » par « l’attaque brutale contre la foule sans défense du marché de Noël de Magdebourg ». « La violence n’a pas sa place dans nos démocraties », a-t–elle ajouté. Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, s’est lui dit « choqué » par la « terrible attaque » en Allemagne
L’Allemagne a connu une attaque sanglante au camion-bélier contre un marché de Noël en décembre 2016, revendiqué par le groupe Etat islamique, qui avait fait treize morts en plein centre de Berlin et plus de 60 blessés.
Plusieurs attentats ou projets d’attentat à motivation islamiste, et impliquant des ressortissants étrangers, ont ébranlé le pays ces derniers mois. Fin août, une attaque au couteau commise par un Syrien et revendiquée par l’Etat islamique a fait trois morts et plusieurs blessés lors d’une fête à Solingen, dans l’ouest du pays.