Une étude parue dans la revue américaine Ecology montre que le comportement des oiseaux a changé au fil du temps.
Auparavant, les volatiles se servaient des déchets pour se nourrir.
Ils utilisent désormais les détritus pour faire leur nid.
Emballages de fast-food et de barres chocolatées, masques chirurgicaux, préservatif… Ce n’est pas la description d’une poubelle, mais bien celle d’un nid d’oiseau en 2025. C’est ce que met en lumière une étude sur le comportement des volatiles parue en février dernier dans la revue américaine Ecology. Alors que durant des années, les déchets humains ne trouvaient grâce à leurs yeux que s’ils étaient comestibles, les oiseaux ont commencé peu à peu à les réutiliser pour en faire leur « maison ». Le biologiste Auke-Florian Hiemstra, de l’université de Leyde aux Pays-Bas, spécialiste des architectures animale, est le premier auteur de ladite étude.
Il s’est attaché à étudier plus particulièrement le comportement de la foulque macroule, un oiseau dit aquatique, qui vit en milieu humide. Il semblerait que les comportements de certains humains qui déversent leurs déchets dans la nature aient influencé son mode de vie. Et pour cause, Auke-Florian Hiemstra note dans son étude que la plupart du temps, cet animal utilisait des végétaux, des matériaux dégradables donc, pour construire son nid. Or, « l’utilisation de plastiques et d’autres matériaux artificiels plus durables pour la construction des nids peut entraîner l’apparition de nouveaux comportements, notamment la réutilisation de nids des années précédentes », précise l’auteur.
Un nid, 635 détritus différents
Les chercheurs se sont penchés sur un nid de foulque de macroule en particulier. Situé à Rokin, près d’Amsterdam, il a été détecté et analysé par le biologiste Auke-Florian Hiemstra qui étudient les habitations de ces oiseaux le long des canaux. Celui-ci est constitué de près de 635 détritus différents. Certains d’entre eux dataient des années 1990, comme un emballage de Mars imprimé à l’effigie de la Coupe du monde de football 1994 aux États-Unis et une boite de McChicken de McDonald’s de 1996, selon les scientifiques. Ils ont également pu constater que le temps avait fait son œuvre puisque l’une des couches du nid était composée de masques chirurgicaux, stigmates de la crise sanitaire mondiale du Covid-19. Mais d’autres nids ont présenté des déchets encore plus anciens, datant parfois des années 1970, ou plus incongrus, comme un préservatif observé dans le nid de Rokin.
Quelle est la « marque préférée » des oiseaux ?
L’étude d’Ecology permet également de connaître la marque qui trouve le plus grâce aux yeux des volatiles. « McDonald’s est l’une des entreprises les plus polluantes, et près de la moitié des produits datables dans notre nid de Rokin ont été fabriqués par cette marque », notent les chercheurs dans leur étude.
Les scientifiques ont essayé de déterminer la raison qui pousse les volatiles à réutiliser les détritus qui se retrouvent dans la nature. De même, ils s’interrogent sur la raison de favoriser désormais les « nids durables ». « Nous ne savons pas si la réutilisation des nids est stimulée en raison de [la solidité des emballages, ndlr], ou en raison de la rareté de bons sites de nidification urbains », indiquent les chercheurs. Le doute persiste, donc. Finalement, les éléments de la conception du nid des oiseaux en disent peut-être plus sur nous, humains, que sur eux.