Israël et le Hamas doivent procéder, samedi 8 février, au cinquième échange d’otages contre des détenus palestiniens dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Trois otages israéliens retenus dans l’enclave palestinienne doivent être libérés ainsi que 183 prisonniers palestiniens.
Israël et le Forum des familles des otages ont confirmé que trois Israéliens, enlevés lors de l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, allaient être libérés : Or Levy, 34 ans, a été pris en otage au festival Nova, son épouse a été tuée durant l’attaque ; Eli Sharabi, 52 ans, a été enlevé à son domicile du kibboutz de Beeri, où sa compagne et leurs deux filles ont été tuées ; Ohad Ben Ami, Israélo-Allemand de 55 ans, a également été enlevé à Beeri. Sa femme, prise en otage en même temps, avait été libérée en novembre 2023, lors de la première trêve.
Parmi les 183 prisonniers palestiniens devant être libérés, dix-huit sont condamnés à perpétuité, cinquante-quatre à de lourdes peines et cent onze ont été arrêtés dans la bande de Gaza après le 7-Octobre, selon Amani Sarahneh, porte-parole du Club des prisonniers palestiniens, une ONG chargée du dossier.
Il s’agira du cinquième échange de ce type depuis l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, le 19 janvier, après quinze mois de guerre, déclenchée par l’attaque du Hamas.
Doutes sur la poursuite de la trêve
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, suivra le processus depuis les Etats-Unis, où il est en visite, selon son bureau. La proposition de Donald Trump d’une prise de contrôle américaine de la bande de Gaza, formulée après une entrevue avec M. Nétanyahou, a suscité des condamnations internationales et jeté des doutes sur la poursuite de la trêve.
Mais les Brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche armée du Hamas, « ont décidé de libérer les prisonniers sionistes demain, samedi », a annoncé, vendredi, sur Telegram, leur porte-parole, Abou Obeida. Le mouvement islamiste a, par ailleurs, accusé Israël de retarder l’entrée dans la bande de Gaza d’engins de déblaiement des décombres, affirmant que cela affectait l’extraction des corps des otages « morts, bombardés par Israël ».
Le Hamas avait annoncé la mort dans un bombardement israélien de Shiri Bibas et de ses deux fils, Ariel et Kfir, qui seraient aujourd’hui âgés de 5 et 2 ans, ce qu’Israël n’a pas confirmé. Leur époux et père, Yarden Bibas, libéré le 1er février, a exhorté, vendredi, Benyamin Nétanyahou à les ramener en Israël. « Tout ici n’est qu’obscurité (…), aidez-moi à ramener la lumière dans ma vie », a déclaré l’ancien otage âgé de 35 ans.
Négociations sur la deuxième phase de l’accord de trêve
Depuis le début de la trêve, dix-huit otages et environ 600 prisonniers Palestiniens ont été libérés. La première phase de l’accord, de six semaines, doit aboutir à la libération de trente-trois otages, dont huit au moins sont morts, contre 1 900 Palestiniens. Sur les 251 personnes enlevées le 7-Octobre, soixante-seize sont toujours retenues à Gaza, dont au moins trente-quatre sont mortes selon l’armée.
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Les négociations indirectes sur la deuxième phase de l’accord de trêve ont commencé, mardi, au Qatar, pays médiateur avec les Etats-Unis et l’Egypte, selon le Hamas. Cette étape est censée aboutir à la libération de tous les otages et à la fin définitive de la guerre dans la bande de Gaza, avant une phase finale consacrée à la reconstruction du territoire palestinien.
Mais les cartes ont été considérablement rebattues par Donald Trump, qui a proposé une prise de contrôle américaine de l’enclave et un déplacement de sa population, notamment en Egypte ou en Jordanie, pour pouvoir la reconstruire.
Après avoir insisté, jeudi, sur ce projet, le président américain a affirmé, vendredi, qu’il n’était « absolument pas pressé ». Amman et Le Caire ont rejeté son idée, qui a suscité un tollé international, l’ONU mettant en garde contre tout « nettoyage ethnique ». La proposition de Donald Trump a été vertement condamnée par le Hamas et l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Même très flou, le plan Trump n’en éloigne pas moins la perspective, à terme, d’une solution à deux Etats pour régler le conflit israélo-palestinien, vieux de plusieurs décennies. Ce règlement est défendu par une large partie de la communauté internationale, y compris les Etats-Unis jusqu’à présent, mais Israël y est fermement opposé.
Multiples gestes de soutien de Trump envers Israël
Malgré la levée de boucliers internationale, Israël a dit, jeudi, préparer un plan pour un départ « volontaire » des Gazaouis. Et son ministre de la défense, Israël Katz, a ordonné à ses troupes de ne pas critiquer ce projet. L’Etat hébreu a parallèlement révélé l’arrivée dans le pays, mercredi, du général Michael Kurilla, le chef du Commandement central américain (Centcom), pour discuter avec l’état-major des moyens de « faire face aux menaces au Moyen-Orient ».
Depuis son retour à la Maison Blanche, le 20 janvier, Donald Trump a multiplié les gestes de soutien inconditionnel envers Israël. Vendredi, les Etats-Unis ont annoncé avoir approuvé la vente à l’Etat hébreu de bombes, de munitions et de missiles pour une valeur totale de 7,4 milliards de dollars (7,2 milliards d’euros). Ce contrat d’armement comprend la vente de bombes, de kits de guidage et de fusées pour un montant de 6,75 milliards de dollars, ainsi que celle de missiles Hellfire pour 660 millions de dollars, selon l’Agence américaine de coopération en matière de défense et de sécurité.
La veille, Donald Trump avait annoncé des sanctions contre la Cour pénale internationale (CPI), accusée d’avoir « engagé des actions illégales » contre « l’Amérique et [son] proche allié, Israël ». La CPI a émis un mandat d’arrêt contre M. Nétanyahou et l’ex-ministre de la défense israélien Yoav Gallant, pour des soupçons de crimes de guerre et contre l’humanité pendant la guerre dans la bande de Gaza.